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30/06/2020

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L’ANR HyperOtlet vous propose l’appel à communication suivant. Vous pouvez retrouvez plus d’informations sur le site du colloque.

Documents et Documentation : approche rétro-prospective

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Argumentaire

À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la documentation s’impose comme une notion nouvelle pour désigner une période de bouleversements dans les pratiques d’écriture, de communication et d’information, accélérées par la révolution industrielle et la Première Guerre mondiale et transformées par les innovations techniques. Le livre, dans sa forme et ses fonctions connaît, après l’invention de l’imprimerie au XVe siècle, sa deuxième révolution industrielle à la suite du développement de nouveaux moyens d’impression (fabrication industrielle du papier, presse rotative), d’édition (grandes maisons d’édition), et de diffusion. La formation d’un nouveau public soutient le développement des nouveaux médias (photographie, presse, cinématographie, téléphone, gramophone, et plus tard télévision). Cet environnement favorise l’accroissement exponentiel et la diversification des formes du document (presse, manuels, photographies, film, disque, microfilm, fiches, affiches).

Ce mouvement s’amorce dès la fin du XVIIIe siècle mais il prend au XXe siècle une consistance et une ampleur inédites. La Première Guerre mondiale accélère encore la prolifération de documents dont la portée est principalement idéologique : tracts, journaux, affiches, photographies sont produits en telle quantité que l’on parle métaphoriquement d’un « orage de papier » (Christophe Didier).

Ce déluge documentaire confronte les institutions à des problèmes de gestion, de traitement et de conservation de l’information qui excèdent les systèmes traditionnels (bibliothèques, archives, musées). Se développent des initiatives qui tentent d’y répondre en inventant et en développant des moyens inédits de classification, de circulation et de conservation. Le juriste belge Paul Otlet (1868-1944) a consacré sa vie à multiplier des propositions pour structurer et mettre en forme ce qu’il a désigné comme la documentation, qu’il théorise dans son Traité de documentation en 1934. Cet ouvrage massif constitue un manifeste qui fonde la documentation et l’information comme sciences et disciplines à part entière, initiant par là un « nouveau régime documentaire » (Bertrand Müller) qui contamine le régime du livre imprimé, avant d’être supplanté par l’actuel « régime numérique » ou « computationnel » (Bruno Bachimont).

Ce traité fait l’objet du projet de recherche ANR HyperOtlet, qui vise à étudier les articulations multiples entre de nouveaux dispositifs documentaires et des modes d’organisation, de présentation et de visualisation des connaissances (https://hyperotlet.hypotheses.org/).

L’objectif de ce colloque est de considérer le Traité de documentation comme un prétexte, un analyseur à travers lequel toute une époque peut être interrogée, notamment dans son rapport à la documentation. Au lieu de considérer Paul Otlet comme un génie avant-gardiste précurseur du web, nous proposons une lecture « rétro-prospective » centrée sur les notions d’espace de savoirs, de matérialisation et de visualisation des connaissances dans la première partie du XXe siècle principalement, mais aussi jusqu’à nos jours. Ainsi, l’ambition de ce colloque est d’interroger la portée du paradigme documentaire au début du XXe siècle et de mesurer ses résurgences dans la période contemporaine sous la forme proclamée ici ou là du « retour du document ».

La notion de « rétro-prospective » permet ainsi d’embrasser différentes manières d’étudier l’oeuvre de Paul Otlet et son contexte en articulant différentes méthodes de recherches, issues notamment des humanités digitales, pour ouvrir de nouvelles potentialités d’études sur des objets et concepts très contemporains : les interfaces, les dispositifs informationnels et communicationnels, les réseaux, les documents, les archives, les encyclopédies, les systèmes d’indexation, les milieux de savoirs.

Pour répondre à ces problématiques, trois axes de recherches sont proposés :

Axe 1. Formes et matérialités

Cet axe sera en partie consacré aux innovations techniques et industrielles qui nous permettent de penser le retour du document dans sa transversalité. Quelles ont été et quelles sont les implications (théoriques, méthodologiques, pratiques) du paradigme documentaire ? Quelles ont été ses résonnances institutionnelles (musées, bibliothèques, archives, centres de documentation), disciplinaires (ethnographie, histoire, sociologie, information-communication), culturelles (littérature, expositions internationales, photographie, cinéma) ?

Les nouvelles matérialités (papier, pellicule, disque, etc.), les nouveaux médias (photographie, téléphonie, radiophonie, télévision, etc.), les nouveaux dispositifs (planches, affiches, mobilier, architecture, etc.) impliquent également de questionner les formes et mises en forme (design) qui résultent de l’élaboration de nouvelles normes documentaires ou autres.

Quelles ont été les conséquences de la mécanisation et de l’industrialisation de l’impression des textes et des documents ? Quelles ont été les modalités de l’invention de nouveaux médias sur la production du document ? Comment la révolution industrielle a-t-elle contribué au déferlement documentaire des XIXe et XXe siècles ? Quelles machines à classer, compter, conserver, penser a-t-elle produit ? De quelles matérialités relève la production, la circulation, la conservation des savoirs ? Quels ont été les usages transversaux de la fiche et du fichier ? De quelle épistémologie relève la mise en fiche de la connaissance et des savoirs ?

À travers la dialectique forme/matérialité, nous souhaitons obtenir des études qui valorisent des approches qui traitent du point de vue du producteur du document ou qui s’appuient sur la perception qu’a le récepteur des objets informationnels.

Axe 2. La visualisation comme nouveau langage

La transmission de l’information et des connaissances au plus grand nombre est à l’origine d’une diversification des supports, qui cherchent à s’affranchir du format du livre, et qui vont donner lieu à un renouvellement des modalités de visualisation de la connaissance. Cet axe souhaite interroger l’articulation entre innovations techniques et processus de visualisation des connaissances, révélateurs selon nous d’une « histoire du regard instrumenté » (Delphine Gleizes et Denis Reynaud), mais aussi élaboration de nouveaux langages.

De quelles manières la documentation peut-elle être considérée comme langage, et conduire à l’élaboration de formes nouvelles, ou à la transformation des formes traditionnelles de transmission des connaissances (livre, carte, atlas, encyclopédie) ?

Quels sont les mouvements de transformation ou de traduction qui sous-tendent la transmission des idées vers des dispositifs visuels (isotypes, logotypes, graphisme, graphique statistique, schémas) ?

Comment ces nouveaux langages sont-ils structurés, quelles sont les normes et les codes qui les conditionnent (classification, indexation, catalogage, typographie) ?

Comment sont envisagées les langues ou langages universelles comme l’esperanto ou la langue auxiliaire internationale, ou d’autres langues, dans leurs relations avec les savoirs et la documentation ?

Sont particulièrement attendues les propositions qui présentent le transfert, la transformation ou la traduction d’un projet, d’une idée, à sa visualisation, et qui analysent la mise en place d’un nouvel ordre graphique.

Axe 3. Savoirs et pouvoirs

La documentation propose de nouvelles formes d’organisation du savoir mais elle est aussi un instrument au service du pouvoir (intellectuel, social, économique, politique).

Elle joue un rôle important dans l’organisation du pouvoir et du contrôle social, dans la production et la diffusion des idéologies, dans la productivité de l’économie. Afin de recenser la population, l’administration identifie et recense les individus, enregistre les mobilités, met en fiche les criminels, les insoumis, les marginaux.

De quelles manières les penseurs et inventeurs ont-ils contribué à l’élaboration de mouvements politiques et à la diffusion de certaines idéologies ? Quelles ont été et sont les critères, normes et valeurs qui conditionnent les pratiques liées à la documentation, de la collecte à la classification des documents, mais également celles qui président à leur monstration et à leur médiation au public, notamment à travers les discours et les médias ?

Cette question pourra être envisagée à travers une perspective spatiale, voire architecturale, en interrogeant les lieux de savoirs comme aussi des lieux de pouvoir, à l’instar des bibliothèques et des musées, mais aussi des organisations internationales, des expositions universelles, des institutions administratives, des entreprises industrielles ou commerciales.

On sera intéressé par les propositions qui étudient comment les dispositifs d’indexation et d’organisation des connaissances peuvent également s’avérer des dispositifs d’indexation des existences. Comment les milieux de savoir peuvent également s’avérer des milieux de pouvoir en utilisant des méthodes et techniques proches de celles issues de la documentation ?

Modalités de soumission

Nous attentons des propositions de différents formats : communications d’une vingtaine de minutes, des présentations sous forme de poster ou des visualisations créatives.

Les propositions (en français ou en anglais) doivent comprendre :

  • Un titre
  • Un résumé de 500 mots maximum
  • Une bibliographie indicative (non comprise dans le résumé)
  • Une bio-bibliographie de l’auteur et son rattachement institutionnel

Pour les propositions de type poster, un résumé de 250 mots est attendu.

Elles doivent être envoyées, au plus tard le 15 mai 2020 sur la plateforme https://hyperotlet.sciencesconf.org/submission/submit

Les intervenants retenus devront remettre un plan détaillé ou le texte de leur communication, dont la longueur sera précisée, avant la tenue du colloque.

Dans des conditions encore à définir, les communications les plus pertinentes pourront faire l’objet d’une publication.

Calendrier

  • Retour des propositions : 15 mai 2020 30 juin 2020
  • Réponse aux candidats : 29 juin 2020 16 juillet 2020
  • Retour des communications finales : 2 octobre 2020
  • Colloque : 19 et 20 novembre 2020

Comité d’organisation

  • Bertrand Müller, Directeur de recherche, Centre Maurice Halbwachs (CNRS)
  • Olivier Le Deuff, Maître de conférences HDR en sciences de l’information et de la communication, Médias, Information, Communication, Arts (MICA, Université Bordeaux Montaigne)
  • Catherine Muller, Conservatrice des bibliothèques, Responsable du Pôle publications professionnelles et de la recherche (ENSSIB)
  • Benoît Epron, Professeur associé, Haute Ecole de Gestion (HEG, Genève)
  • Stéphanie Manfroid, Responsable du service des archives du Mundaneum (Centre d’archives de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Mons)
  • Marianne Hérard, Anthropologue, Responsable des programmes scientifiques et de la valorisation (Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord).
  • Gabriel Popovici, IGE, Responsable du centre documentaire (Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord)
  • Rime Fetnan, Chercheure, Centre Maurice Halbwachs (CNRS)
  • Arthur Perret, Doctorant en sciences de l’information et de la communication, Médias, Information, Communication, Arts (MICA, Université Bordeaux Montaigne)
  • Henri Sergent, Ingénieur d’études, Centre Maurice Halbwachs (CNRS)

Comité scientifique

  • Bruno Bachimont, Directeur de la recherche et de la valorisation de la faculté des sciences et d’ingénierie de Sorbonne Université
  • Warden Boyd Rayward, Professeur émérite à l’Université d’Illinois, School of Library and Information Science Michael Buckland, Professeur émérite à la UC Berkeley School of Information
  • Ghislaine Chartron, Professeure en sciences de l’information et de la communication titulaire de la Chaire d’ingénierie documentaire au CNAM
  • Widad Mustafa El Hadi, Professeure des Universités en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lille 3
  • Sylvie Fayet-Scribe, Maître de conférences HDR en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 1
  • Johann Holland, Directeur du pôle numérique du Campus Condorcet
  • Fidelia Ibekwe, Professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Ecole de Journalisme et de communication d’Aix-Marseille
  • Markus Krajewski, Professeur à l’Université d’Erlangen-Nürnberg, Chair de Droit Public et de Droit international public
  • Olivier Le Deuff, Maître de conférences HDR en sciences de l’information et de la communication, Médias, Information, Communication, Arts (MICA, Université Bordeaux Montaigne)
  • Bertrand Müller, Directeur de recherche, Centre Maurice Halbwachs (CNRS)
  • Jean-Max Noyer, Professeur des universités, Université de Toulon
  • Lyn Robinson, Cheffe du département de bibliothéconomie et des sciences de l’information, City University of London
  • Claire Scopsi, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Institut national des sciences et techniques de la documentation (CNAM)

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