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Date/heure
01/09/2019

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L’axe ADS (Art/Design/Scénographie du MICA (EA 4426) de l’Université Bordeaux Montaigne organise un colloque les 25, 26 et 27 novembre 2019 à l’Université Bordeaux Montaigne (MSHA) et au Forum des Arts et de la Culture (Talence)

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Problématique

Lors d’un célèbre colloque, qui s’est tenu à Cerisy en 1980, Jacques Derrida pose deux questions à Louis Marin, qui vient de proposer une interprétation brillamment structuralo-freudienne de La Tempesta de Giorgione. La première porte sur son entrée en matière : « Pourquoi débuter -viser le but- l’analyse du tableau par la paire de colonnes tronquées ? S’agit-il d’un élément comme un autre dans une série d’artefecta doubles que l’on peut retrouver dans tout le tableau, ou bien d’un véritable “transcendantal” de la lecture du tableau ? »

La seconde consiste à se demander ce que pourrait être une « lecture féminine » du tableau.

Ces deux questions qui, précise Derrida avec une feinte ingénuité, n’en font peut-être qu’une, décontenancent profondément Louis Marin qui, on le sait, peut être considéré comme le père spirituel du renouvellement esthétique de l’histoire de l’art opéré par Daniel Arasse, Georges Didi-Huberman ou Gérard Wajcman. Dans sa réponse, le philosophe, qui a magistralement décrypté la signature du peintre dans une figure castratrice de Gorgô dont deux oculi muraux seraient les yeux, revient sur le travail de figurabilité des éléments inchoatifs de toute œuvre d’art, dont les significations se dévoilent selon les occurrences du temps.

Depuis les années soixante en effet, de nombreuses œuvres d’art, notamment les performances Camp and Drag de Warhol et du Body Art, ont fait retour sur celles de Duchamp/Rrose Sélavy et « artialisé » une sensibilité queer.

En 1990, Judith Butler sera la première à en tirer les leçons philosophiques en publiant Gender Trouble ; un livre qui s’appuie malicieusement sur la French Theory pour en fonder une autre, the Queer Theory, qui, s’affranchit de tout destin anatomique ou social pour mettre en avant la performativité du genre comme du sexe. Très vite traduit en plusieurs langues, Gender Trouble aura une influence considérable sur les études littéraires et cinématographiques, qui vont rapidement faire un acting out tout particulièrement heuristique.

Paradoxalement, il n’en est toujours pas de même dans les études esthétiques. Pourquoi ? Quelles sont les résistances ? Comment la pensée queer peut-elle redonner aux œuvres d’art « l’ouverture » infinie qui fait leur être même ?

Tel est l’enjeu essentiel de ce colloque international, qui comportera trois grand volets, philosophique, histoire de l’art et esthétique ; et qui sera accompagné de performances, et d’une exposition.

Modalités

  • Les propositions (1 page + un cv de 10 lignes max) seront envoyées à Bernard Lafargue et Cécile Croce avant le 1er septembre 2019. Elles seront évaluées à l’aveugle par un jury idoine.
  • Les frais d’inscription au colloque sont de 70 euros.
  • Ce colloque donnera lieu à une publication dans Figures de l’art en juin 2020 (après sélection et validation des articles par un comité de lecture).