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You are currently viewing Intelligence artificielle et équité sociale

Date/heure
30/09/2022

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Le développement de l’intelligence artificielle (IA) a ouvert les champs du possible. En effet, l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle de plus en plus important dans nos sociétés. Nos vies sont régies de manière croissante par la diversité des applications techniques associées à l’IA. C’est pour celà qu’il est important que le développement de l’IA se fasse conformément à des valeurs centrées sur l’humain, telles que les libertés fondamentales, l’égalité, l’équité, etc. Il convient donc de donner un sens à ces applications autrement dit, de « s’assurer que le développement de ces technologies ne contribue pas à accroître les inégalités sociales et économiques ; et s’appuyer sur l’IA pour effectivement les réduire. » (Villani et al, 2018).

Ce colloque organisé en partenariat entre la Chaire Unesco de l’Université Bordeaux Montaigne et l’Agence française de développement (AFD) se fixe pour objectif de générer une convergence des savoirs par une approche interdisciplinaire sur les implications de ce développement technologique sur l’équité sociale. Comme le souligne l’OCDE, développer une IA équitable et ouverte à tous devient une priorité croissante (OCDE, 2019).

Le concept de l’équité sociale renvoie à la promotion d’une société démocratique, saine, sûre et juste, fondée sur l’intégration sociale et la cohésion, qui respecte les droits fondamentaux et la diversité culturelle, assure l’égalité entre hommes et femmes et combat la discrimination sous toutes ses formes (Degryse, Pochet (2009). De ce point de vue, l’équité sociale est proche de la justice sociale, qui renvoie à l’égalité des droits et des devoirs de base pour les citoyens et une possible acceptation d’inégalités socio-économiques que si et seulement si elles engendrent des avantages pour tous en particulier pour les plus défavorisés (Rawls, 1987). La question de l’équité sociale sera, dans le cadre de ce colloque, abordée à travers 5 axes à savoir la démocratie, la sécurité et la confiance, la culture, les données et les politiques publiques.

Axe 1 : Intelligence artificielle et démocratie

L’IA peut favoriser la démocratie tout comme elle peut créer de nouveaux risques de violation, délibérée ou accidentelle, des droits. La question de la démocratie en Afrique est au centre de tous les débats et s’impose à nous comme une donnée constante de l’actualité. La démocratie est à considérer ici comme « une forme de gouvernement, où le peuple a toute autorité, et où la souveraineté réside dans le peuple, qui fait les lois, et décide de tout ; où le peuple est consulté ». Il s’agit donc à travers cet axe de comprendre les fondements juridiques du développement d’une IA en Afrique et de voir comment l’intelligence artificielle favorise ou pas la participation des citoyens à la gestion des affaires de leurs pays. Le rapport intelligence artificielle et démocratie couvre donc plusieurs aspects mais nous privilégierons ici la justice et la paix ; l’accès à l’information et la désinformation (deepfake); la participation (civictech) et les Droits Humains. Ces interrogations sont à inscrire dans la lignée des travaux sur les médias et démocratie (A.-J. Tudesq; E. Damome); les technologies de l’information et de la communication et démocratie (Freire et Kiyindou).

Axe 2 : Intelligence artificielle, sécurité et confiance

La sécurité et la confiance sont au cœur des enjeux de l’intelligence artificielle. En effet, la sûreté régalienne a été parmi les premiers domaines d’application de l’IA, utilisée, par exemple, pour détecter des comportements inhabituels dans des images de vidéosurveillance, ou pour reconnaître automatiquement des parties d’images. Toutefois, il est question aussi d’anticipation, de surveillance et de cybersécurité. La question de la sécurité peut être ainsi traitée à trois niveaux à savoir la sécurité sociale (conflits, services), la sécurité technologique (cybersécurité, biais algorithmique, gouvernance des données, souveraineté, gestion des risques, normes et interopérabilité) et la sécurité environnementale (catastrophes naturelles, transition énergétique). La question de la sécurité est corollaire à celle de la confiance, autrement dit, l’assurance d’une personne qui se fie à quelqu’un ou à quelque chose. Mais si la confiance, comme le souligne Georg Simmel, est le ciment de la société, elle est aussi dangereuse, car elle implique toujours le risque que le dépositaire de notre confiance ne soit pas à la hauteur de nos attentes ou, pire encore, qu’il trahisse délibérément la confiance que nous lui faisons. Cette considération revêt tout son sens dans un écosystème peu stable dominé par quelques multinationales. La confiance des individus dans les artefacts technologiques qui réapparaît ici est une problématique ancienne (Taddeo, 2009). Par exemple, la confiance que l’on peut accorder à un robot est une problématique largement étudiée (Coeckelbergh, 2010). Il sera donc question ici d’intégrité du réseau, de la confiance dans les transactions, de la protection des mineurs, de l’usage des données collectées, de la confiance dans les contenus numériques, de la découvrabilité, des biais algorithmiques…

Axe 3 : Intelligence artificielle et culture

L’intelligence artificielle transforme fondamentalement l’économie de la création dans toutes ses dimensions, politiques, culturelles, sociétales et économiques. Ces transformations sont accompagnées d’opportunités pour l’économie (industries créatives, commerce électronique). Mais l’intelligence artificielle pose aussi de nombreux défis aux acteurs privés et publics, et à la société en générale (monétisation d’œuvres artistiques, flou quant aux classifications de produits et services dans les accords commerciaux, droits de propriété intellectuelle). L’intelligence artificielle pose également la question de l’identité et de la représentation liée à la façon dont chacun en fonction de sa culture se représente ou comprend l’intelligence artificielle. On peut ainsi interroger la notion pivot d’intelligence mais aussi voir comment l’individu est amené à se représenter à travers les technologies intelligentes. Le métaverse s’appuyant fortement sur l’intelligence artificielle apparaît donc ici comme un lieu où les identités se croisent, où des cultures collaborent et où des œuvres culturelles se créent. L’association de l’intelligence artificielle à la fabrication 3D pose la question de la reproduction des œuvres d’art et de la sauvegarde du patrimoine.

Axe 4 : Données et gouvernance

La collecte, la maintenance et l’accès à des données de qualité constituent un défi devenu majeur pour le développement de l’intelligence artificielle en Afrique. Mais souvent se pose la question de la gouvernance des données entendue comme un ensemble de processus, rôles, règles, normes et métriques permettant d’assurer une utilisation efficace et efficiente des données. Il devient donc intéressant dans le cadre de ce colloque de se pencher sur la collecte des données, leur traitement comme leur diffusion. Ces réflexions intègrent l’éthique et le cadre juridique relatifs au recueil et à la manipulation des données; l’enjeu social et économique des données; la diffusion et la médiatisation des données dans leur diversité (données locales, données ouvertes, données des langues etc.).

Axe 5 : IA et politiques publiques

L’intelligence artificielle transforme substantiellement le politique au niveau de l’organisation institutionnelle de la société, des rapports de force et des politiques publiques. Une culture critique et éclairée des algorithmes devient donc nécessaire pour se saisir des enjeux du numérique (Tournay, 2020). En effet, l’IA a deux spécificités qui nécessitent d’adopter des mesures de politique publique particulières. La première réside dans le fait que ses applications touchent pratiquement tous les secteurs, la seconde est qu’elle pourrait changer radicalement la nature du processus de R&D (Lefouili, 2019). On peut donc comprendre que les décideurs publics aient besoin de développer une vision éclairée, scientifiquement fondée et prospective sur ce que les sociétés et les entreprises peuvent espérer de l’IA. Les communications de cet axe pourront porter sur le cadre juridique, la transparence et l’explicabilité, la responsabilité, la recherche et développement, l’appui à l’innovation, la transformation des emplois et le renforcement des capacités.

Modalités pratiques

Les communications peuvent être proposées en français, en anglais ou en espagnol, en format texte éditable (doc, odt, rtf.)

Consignes scientifiques : Mettre l’accent sur les aspects théoriques, le corpus, la méthodologie, l’état des lieux…

  • Lancement de l’appel : 22 juillet 2022
  • Réception des propositions de communication : 4000 caractères, espaces compris, plan et bibliographie non compris + nom et adresses électronique et postale : 30 septembre à colloque[@]comtecdev[.]com
  • Notification d’acceptation : 30 octobre 2022.
  • Remise des textes complets : 30 000 caractères maximum, notes et espaces compris, 15 Janvier 2022.
  • Dates du colloque : 15-16-17 mai 2023

Modalités de sélection : évaluation des propositions en double aveugle. Les textes complets seront également soumis à évaluation.

Les frais d’inscription sont de 100 euros pour les enseignants-chercheurs, 50 euros pour les doctorants et postdoc.
La publication dans les actes est conditionnée à la participation au colloque.

Publication

L’ensemble des articles acceptés par le comité de sélection seront publiés dans les actes du colloque, si évaluation positive du texte définitif. Quelques articles feront l’objet d’une publication dans une revue scientifique.

Comité scientifique

Peter Addo, AFD, Noble Akam, Université Bordeaux Montaigne ; Rocio Amador-Bautista, Université autonome du Mexique ; Patrick Attie, Ecole nationale supérieure d’Infotronique (ESIH); Isabel Babo, Université Lusophone de Porto ; Abdelmalik Bachir, Ecole nationale supérieure d’intelligence artificielle (ENSIA) ; Cécile Croce, Université Bordeaux Montaigne ; Andi Faisal Bakti, Université de Pancasila ; Emanuelli Paulina Beatriz, Universidad Nacional de Córdoba; Salim Bounou, Université Euro Méditerranéenne de Fès; Gnéré Laeticia Blama Dagnogo, Université Alassane Ouattara, Etienne Damome, Université Bordeaux Montaigne ; Patrice Delabroise, Université de Lille ; Deni Darmawan, Université de Bandung; Jean-Chrétien Ekambo, IFASIC ; Eugene Ezin, Université d’Abomey-Calavi ; Raúl Fuentes-Navarro, Université de Guadalajara; Herrera-Aguilar Miriam, Université Autonoma de Querétaro ; Dikanga Kazadi, Université de Lubumbashi ; Alain Kiyindou, Université Bordeaux Montaigne ; Raymond Kra Kouassi, Université Houphouet Boigny ; Vincent Liquète, Université de Bordeaux ; Félix Makosso, Université Marien Ngouabi ; Guardia Marcelo, Université catholique bolivienne ; Mingolarra Ibarzabal Jose Antonio, Université du pays basque ; Laurent Petit, Université Paris Sorbonne, Valérie Pisano, Institut MILA, Université de Montréal; Lucie Rabaovololona, Université d’Antananarivo ; Soufiane Rouissi, Université Bordeaux Montaigne ; Philippe Viallon, Université de Strasbourg; Luc Vinet, Université de Montréal.

Comité d’organisation

Peter Addo, AFD; Thomas Brunel, Université Bordeaux Montaigne ; Gilbert Capo-Chichi, Cerco, Bénin; Etienne Damome, Université Bordeaux Montaigne ; Mélina Fournier, Université Bordeaux Montaigne ; Lynda Kaninda, Université Bordeaux Montaigne ; Alain Kiyindou, Université Bordeaux Montaigne ; Charlotte Massicard, AFD; Mélissa Mourroux, Université Bordeaux Montaigne, Ida Nganga, RCD Afrique; Sabin Sonhaye, Université de Lomé.

Références bibliographiques