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You are currently viewing Conférence : Sémiotique et mémoire traumatique

Date/heure
17/05/2016
14 h 00 - 18 h 00

Emplacement
IJBA

Catégories


Conférence organisé par le MICA et l’École doctorale Humanités

mardi 17 mai 2016 – 14h – Institut de Journalisme Bordeaux-Aquitaine (IJBA), Bordeaux
Accès Tram C, Arrêt Sainte Croix


Intervenants

Conditions d’énonciation et espaces de sémiotisation : comment transmettre une mémoire traumatique

Patrizia Violi (Université de Bologne)

Comment sont transmises aux générations futures qui ne les ont pas vécues les mémoires des nombreux traumatismes qui, à partir de l’Holocauste, ont traversé, et traversent encore aujourd’hui, notre contemporanéité dramatique ? Quelle est la contribution spécifique que la sémiotique peut fournir sur ces thèmes afin d’en définir la pertinence face à d’autres disciplines, telles que l’anthropologie, la sociologie, la psychologie et la psychanalyse ?

Tout d’abord une remise en question critique de la notion même de transmission semble nécessaire, qui semblerait présupposer un transfert d’objet – contenus cognitifs, valeurs, narrations et attitudes passionnelles – qui à cette étape resterait inchangé, sans subir de transformations. En réalité, plus qu’être « transmise », la mémoire apparaît construite par et à travers les textes, par les nombreux processus de réécriture qui déplacent sans cesse les frontières toujours mobiles entre ce qui apparait digne d’être conservé en mémoire (et donc transmis) et ce qui est « narcotisé » et confiné à l’oubli, oubli qui à son tour est lui aussi toujours soumis à d’éventuelles revalorisations et retextualisations successives.

Ainsi, les sémiotiques-objets qui sont censées transmettre la mémoire de l’événement traumatique en définissent en réalité la forme et les limites : chaque nouvelle narration mémorielle s’ajoute aux précédentes, devenant partie structurelle de l’événement, en en stratifiant le sens et en reconfigurant ce que, selon une linéarité ingénue, il devrait transmettre. Ainsi la mémoire des traumatismes ne se présente pas comme un objet-valeur transmis de manière immuable dans la temporalité des générations, comme une certaine rhétorique mémorielle pourrait le faire croire, mais plutôt comme un travail continu de resémantisation et de redéfinition des valeurs, réalisé par les différents acteurs sociaux, souvent conduits par des logiques de pouvoir et de domination, car autour du contrôle des mémoires se jouent de nombreux intérêts différents, se construisent des axiologies collectives qui à leur tour imposent des critères d’adaptation et des procédures d’ »ajustement » aux mémoires des individus.

La question sur laquelle il faut s’interroger devient alors celle des conditions qui rendent possible, ou au contraire empêchent, l’énonciation d’une mémoire traumatique, pour en définir les enjeux. Dans cette perspective on analysera la notion de praxis énonciative et ses possibilités d’application.

Patrizia Violi est Professeur de Sémiotique à l’Université de Bologne, Département de la Communication, coordinatrice du Doctorat en Sémiotique, de l’Institut Italien de Sciences Humaines. Ses principaux domaines de recherche : théorie sémiotique, sémantique, analyse du texte, sémiotique de la culture. Elle est auteur de nombreuses publications, livres et articles. Elle a animé plusieurs programmes internationaux autour de la mémoire, et notamment le programme européen “A Lesson for Europe: Memory, Trauma and Reconciliation in Chile and Argentina” Europeo FP7-PEOPLE-2013-IRSES (Actions Marie, 2014-2017), dans le cadre du 7th Framework Programme for Research, Technological Development and Demonstration, en collaboration avec l’Argentine (Universidad Nacional de Cordoba), le Chili ( Pontificia Universidad Catolica de Chile) et l’université de Nottingham.

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