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15/02/2023

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Art & décolonialité

Figures de l’Art n° 42, revue d’études esthétiques

Responsable du numéro : Nicolas Nercam


Argumentaire :

Art & décolonialité

La question d’une « décolonisation du savoir », insufflée, en grande partie, par les études culturelles et postcoloniales, interroge aujourd’hui l’ensemble de nos champs universitaires. Les decolonization studies ont acquis de nos jours une large audience dans les universités anglo-saxonnes.

Si ce courant de pensée, dont les contours précis sont impossibles à déterminer, se propose, en particulier, de lier la décolonisation des savoirs à des actions sociales et politiques sur le terrain, son apport le plus pertinent réside dans la poursuite de la réflexion sur la « déconstruction » (terme clé au sein des études postcoloniales). Il s’agit bien, non pas de « détruire », mais bien de démonter les présupposés à partir desquels ont pu s’échafauder des idées, des concepts et des pratiques afin de leur donner une nouvelle signification et rendre enfin visible leurs effets néfastes et leurs portées stigmatisantes.

En outre, à l’instar des postcolonial studies, de nombreux milieux associatifs militants, qualifiés pour certains de « radicaux », se revendiquent du discours des études décoloniales (Nicolas Bancel, 2019).

En France, cette question pèse sur de nombreux débats politiques, épistémologiques, institutionnels et disciplinaires, avec leurs passions et leurs  polémiques. Ces débats ont des retombées dans le domaine de la réflexion sur l’art et la culture, ainsi que sur la pratique des arts. Des artistes, des  historiens de l’art, des conservateurs de musées, et des commissaires d’exposition font maintenant explicitement référence au champ théorique du  postcoloniale et du décolonial.

Au sein de la production contemporaine (dite de « résistance », voire « activiste ») des pratiques artistiques dénoncent une série d’oppressions et  d’aliénations considérées comme étant intrinsèquement liées les unes aux autres : Critique du capitalisme planétaire néolibéral et des grandes catastrophes  écologiques – dénonciation des guerres, des conflits commerciaux et des périls cybers technologiques – rejet des totalitarismes, des nationalismes et des fondamentalismes religieux – défense des droits des minorités et des populations immigrées – adhésion aux combats féministes, antiracistes et LGBTQ. Tout cela constitue le cadre à des productions artistiques dites « réactives » (Christine Macel, 2020) à l’intérieur duquel les luttes postcoloniales et décoloniales trouvent leur place.

Ce numéros de la revue d’études esthétiques Figures de l’art, loin des polémiques qui font souvent obstacle à un véritable débat scientifique, se propose d’analyser les impacts du phénomène de la « décolonisation » tant au sein des sciences de l’art, qu’au sein des pratiques artistiques. Il s’agit d’évaluer les éventuelles retombées épistémologiques, méthodologiques, ainsi que les possibles changements d’objets d’étude et de démarches artistiques que cette « question du décolonial » a pu susciter. Ce numéro se propose donc d’étudier des productions artistiques, caractéristiques de ce mouvement et des propositions qui l’accompagnent visant à transcender les conditions de soumission d’autrefois, à supprimer les stigmates restants et à s’affranchir d’une « intimité culturelle et épistémique avec l’ancien colonisateur » (Enrique Dussel, 2000).

Quelques interrogations, non exclusives et présentées ici de manière non limitative, peuvent servir de fil conducteur à la préparation de ce numéro :

  • Le « décolonial » fait-il ou non rupture avec le « postcolonial » ?
  • Comment « la colonialité de la matrice du pouvoir » (Anibal Quijano, Ramon Grosfoguel, Santiago Castro-Gomez, 2007 et Walter Mignolo, 2011), ayant résisté aux mouvements d’indépendance et à la critique postcoloniales, continue-t-elle de se manifester dans les pratiques des arts, dans les institutions du monde de l’art et dans leurs approches théoriques ?
  • Quels sont les héritages contemporains d’une « durée coloniale », toujours en cours et toujours en devenir car en constante saisie et ressaisie par différents acteurs du monde politique et du monde de l’art ?
  • La dimension combative de la décolonialité peut-elle être également créatrice dans le domaine des arts ?
  • L’impact du postcolonial et du décolonial dans la sphère des arts contribue-t-il à la construction d’une « critique éthique radicale » ?
  • Peut-on percevoir, au sein des manifestations artistiques et de leurs substrats théoriques, l’impact du postcolonial et du décolonial dans l’émergence d’un art en direction d’une communauté spécifique ?

Calendrier :

Les propositions devront être envoyées au plus tard le mercredi 15 février 2023, aux adresses suivantes :

Ces propositions se présenteront sous la forme d’un résumé (5 à 6000 signes espaces compris) assortis de 5 mots clés et d’une bibliographie de 8 références maximum. La problématique, les objectifs et la méthodologie de recherche y seront clairement énoncés.

Les autrices et auteurs y ajouteront une courte biographie, d’une dizaine de lignes maximum, en y mentionnant leurs coordonnées complètes (statut, institution de rattachement et courriel).

  • Vendredi 14 avril 2023 : retour aux autrices et auteurs des propositions.
  • Jeudi 13 juillet 2023 : réception des articles complets (entre 20 000 et 30 000 signes espaces compris)
  • Vendredi 22 septembre 2023: remise des versions définitives des articles par les autrices et auteurs
  • Publication du n° 42 de la revue Figures de l’Art prévue courant décembre 2023.

Les articles feront l’objet d’une double expertise anonyme.

Retrouvez les éléments de bibliographie ainsi que la version anglais en téléchargeant l'appel.