Date/heure
16/03/2016
14 h 30 - 17 h 00
Emplacement
Université Bordeaux Montaigne - studio - salle H017
Catégories
Interprétation (des films), délibération (des images), émancipation (du spectateur)
mercredi 16 mars 2016 – de 14h30 à 17h00 – Université Bordeaux Montaigne, Studio, salle H017, Pessac
(ligne B, station de tram « Montaigne-Montesquieu »)
Présenté par : Guillaume Soulez
Regarder un film est une activité intense qui mobilise en permanence des hypothèses sur le sens à donner aux images et aux sons. Le travail de l’analyste des images aujourd’hui – sémiologue, esthéticien, historien, etc. – peut partir de cette activité pour mieux comprendre comment les spectateurs « produisent » des textes qui font sens en donnant une « forme » aux stimuli visuels et sonores qu’ils reçoivent. L’habitude a une grande part, ainsi que l’éducation, mais il est frappant de noter que les spectateurs ont tous une manière propre de « délibérer » sur les images et les sons. La description des grands régimes du sens (par exemple la « fictionnalisation », ou la « documentarisation », dans la sémiopragmatique d’Odin, 2011) ne suffit pas à rendre compte des échanges qui ont lieu à propos de cette activité dans la sphère sociale, il faut observer comment nous discutons avec les films. On y trouve la « liberté » interprétative à deux endroits au moins : 1/ les spectateurs ne font pas ce qu’on (créateurs, producteurs, critiques…) attendait d’eux, 2/ ils relient souvent leurs « délibérations » à leur ancrage dans l’espace social et politique pour développer ce que les anglo-saxons appellent leur agency, leur capacité d’agir dans le monde.
Il est donc inutile, voire contre-productif, de vouloir à tout prix secouer le spectateur, le sortir de sa léthargie (selon le modèle brechtien, par exemple, inspiré du « choc » eiseinsteinien). Un vrai « travail critique » (celui proposé par une œuvre, celui du projet d’un cinéaste, tout comme celui qui est effectué par celui qui analyse les films) est « un travail qui, au lieu de vouloir supprimer la passivité du spectateur, en réexamine l’activité » (Jacques Rancière, Le Spectateur émancipé, 2008, p. 85), pour en tirer des outils de création et d’analyse. Cette intervention propose de montrer les liens qui existent entre délibération et émancipation du spectateur, pour explorer de nouvelles méthodes d’analyse et réfléchir sur la place des films dans la politique ordinaire de nos vies.
Site web : http://www.univ-paris3.fr/m-soulez-guillaume-29899.kjsp
Informations sur le programme : Le Cinécritoire