Date/heure
31/01/2018
14 h 00 - 17 h 00
Emplacement
l'Université Bordeaux Montaigne - salle i401
Catégories
Séminaire
Art, design, scénographie : figures de l’urbanité
Thème 2017-2019: Transferts de l’Art et du Design
Responsable : Nicolas Nercam
Mercredi 31 janvier 2018
14h – 17h
Université Bordeaux Montaigne, salle i401
Pessac
ligne B, station de tram « Montaigne-Montesquieu »
Les productions d’Art et de Design sont les résultantes d’un ensemble de phénomènes d’émission, de réception et de réinterprétation qui contribue à transformer en profondeur la nature de l’œuvre. Les circulations, les échanges et les déplacements (dans l’espace et le temps) des savoirs, des compétences, des techniques, des imaginaires et des pratiques artistiques revêtent, dorénavant, une dimension « planétaire ».
Ces transferts impliquent l’intervention de vecteurs (matériels, humains, informatiques, environnementaux, etc.) et conduisent à considérer les pratiques des Arts et du Design comme en perpétuelle évolution, remettant en cause les constructions monolithiques identitaires, en révélant les imbrications dont ces pratiques résultent.
Prenant le contre-pied d’une circulation mainstream imposée par les logiques idéologiques et économiques de la mondialisation, penseurs, artistes, designers, acteurs sociaux s’investissent dans des transferts « minoritaires », « alternatifs », ou de « résistance » face aux transformations programmées et normalisées.
Observer et analyser la diversité des transferts en œuvre dans l’Art et le Design s’est se livrer à :
- Une étude (sociologique, anthropologique, historique, psychanalytique) des vecteurs sociaux ou institutionnels qui fixent le cadre de la circulation et du « passage du sens » d’un contexte à un autre.
- Une étude des croisements entre les diverses pratiques artistiques ainsi qu’entre les champs des sciences humaines, entraînant une refonte épistémologique à l’origine d’une « décolonisation de nos pensées », voire d’un « éclatement disciplinaire ».
Intervenants
Julie Laffont, Docteure en Sciences de l’Information et de la Communication
Sense8 : Œuvre militante ou œuvre hédoniste ? Transferts sensitifs et cinématographiques
Sense8 est une série créée, écrite et réalisée par les célèbres « Wachowski » : Lana, née Larry, et Andy, devenue Lily en 2016. La série reprend des motifs déjà présents dans leurs œuvres précédentes, notamment les destinées liées à travers le temps et l’espace et la sensualité. Un de leurs objectifs avoué est de prendre à contre-courant les « dominated narratives » contemporaines laissant trop peu de place aux émotions.
Les transferts d’émotions, d’expériences sensibles et de plaisirs, ainsi que les glissements identitaires, forment le noyau narratif de la série. Ceux-ci se matérialisent également dans la mise en scène et les emprunts cinématographiques mis en œuvre dans la réalisation. L’intrigue antisystème n’est-elle pas plutôt un décor pour des thématiques plus profondes et intimes ? Sense8 est-elle uniquement une série militante ou bien avant tout une série hédoniste ?
Domaines de Recherche : Diversité et métissages, stéréotypes et représentations sociales, imaginaires nationaux et médiatiques, identités personnelles et collectives, séries télévisées et cinémas du monde, science-fiction et fantastique, méthodes visuelles en sciences humaines et sociales.
Johann Chateau Canguilhem, docteur en esthétique
Le transfert Hentai : l’étrangeté en miroir
Le hentai est considéré en occident en tant que pornographie spécifiquement japonaise, insolite et transgressive ; au Japon, le mot définit la perversion, mais correspond étymologiquement à la transformation (étrangeté, anormalité “hen”, état “tai”).
Regard occidental d’une volupté extrême-orientale, extraordinaire et exotique, le hentai s’est pourtant construit avec l’influence de l’Occident sur le Japon traditionnel ; objet “queer”, le hentai se fait se fait porteur d’un dialogue entre la fiction “déviante” (la perversité comme recherche du plaisir par des moyens détournés) et la réalité charnelle du corps érotique.
La notion de transfert, étymologiquement “porter au-delà”, va nous permettre d’exposer cette double problématique, orientaliste – au-delà de notre civilisation – et érotique – au-delà de notre corps – , nous invitant à appréhender notre propre étrangeté.