Date/heure
22/03/2012
14 h 00 - 17 h 00
Catégories
Le cinéma interactif
Séminaire « Cinéma & mondes contemporains » – 5ème séance
le jeudi 22 mars 2012 – 14h-17h – MSHA, Salle Jean Borde, Pessac
Intervenants
Le paradoxe initial du « cinéma interactif » : cas et limites
Etienne Pereny
La représentation en mouvement du dispositif cinématographique semble au départ incompatible avec la notion d’interactivité. Pourtant, la promesse d’une participation du public vis-à-vis de l’image s’est faite de plus en plus insistante au fil des innovations technologiques de la deuxième moitié du XXème siècle, notamment avec le vidéodisque, puis le cédérom. Pour traiter les matériaux cinématographiques, les premières idées furent de proposer à l’utilisateur d’influencer le déroulement par des choix scénaristiques. Parallèlement à cette voie de recherche finalement décevante, qui allait en direction de la fiction interactive, des prototypes, puis des essais audiovisuels plus convaincants ont pu explorer la voie d’une image narrative et jouable, notamment sous la houlette de Jean-Louis Boissier. A la fois significatifs mais paradoxalement trop singuliers, nous verrons en quoi ils constituent des cas-limites confirmant l’incompatibilité structurelle entre cinéma et interactivité.
Le jeu vidéo est-il paradoxalement devenu un cinéma interactif ?
Etienne-Armand Amato
Depuis quelques années, certains auteurs de jeux vidéo se revendiquent ouvertement d’un cinéma interactif bel et bien réalisé, et il suffit pour s’en convaincre de se reporter aux propos de David Cage, auteur de « Heavy Rain ». Ces oeuvres à grand spectacle et gros budget engagent leur destinataire dans une narration audiovisuelle à la fois jouable et mise en scène selon des codes filmiques. L’importation croissante du langage cinématographiques n’a pas attendu ces dernières prouesses. Elle peut se repérer au fil de l’histoire du jeu vidéo depuis le début des années 90, avec l’apparition de la 3D « réaliste » et du point de vue spatialisé et mobile, sans compter les séquences cinématiques non-interactives émaillant l’expérience vidéoludique. Cette surenchère d’effets spéciaux et de procédés issus du 7ème Art réalise-t-elle la promesse impossible d’un vrai cinéma interactif ? Témoigne-t-elle d’un divorce entre les deux médias ? Ou est-ce le règne de la simulation informatique qui se substitue à celui de la représentation enregistrée ?
A propos du séminaire « Cinéma & mondes contemporains »
Responsable : Yann Kilborne
Comité d’organisation : Mélanie Bourdaa, Emmanuel Quillet & Yann Kilborne
L’étude du cinéma fait appel à des approches variées, de la sociologie à l’esthétique, en passant par l’histoire et l’économie. Ces recherches, de plus en plus nombreuses à mesure que le cinéma sort du champ des études cinématographiques ou communicationnelles, mettent en lumière les transformations d’une industrie culturelle, et le rôle des images dans les représentations et les pratiques collectives. L’enjeu de tels travaux n’est donc plus seulement de comprendre des évolutions esthétiques, ou de saisir le mouvement historique par lequel des formes cinématographiques acquièrent une légitimité artistique, mais de décrire et d’analyser les bouleversements qui s’opèrent à tous les niveaux (production, médiation, réception). Les conséquences du numérique sur l’écriture et la réalisation, les changements en matière de diffusion, le développement d’un cinéma interactif, l’évolution des métiers du cinéma, ou encore les mutations liées à l’essor des écrans et à la transmédialité sont quelques exemples de thèmes centraux. Ce séminaire propose d’aborder ces questions à partir de rencontres entre chercheurs et praticiens, dans un dialogue ouvert sur les nouvelles formes audiovisuelles et sur la manière dont le cinéma raconte la complexité des mondes contemporains.