Date/heure
15/05/2022
Catégories
Le troisième colloque international Connaissances et Information en Action (CIA) se déroulera le 17 et 18 novembre 2022 à l’Université de Bordeaux (France). Co-organisé par l’IMS (équipe RUDII) UMR 5218 & MICA (axe ICIN) UR 4426, l’appel à communication concerne le sujet :
Du prévu au vécu :
Réagencement, accompagnement, réorganisation des dispositifs info-communicationnels face à l’imprévu
Les décisions politiques prises en réaction à la pandémie de Covid-19 (notamment les confinements massifs et successifs) ont bouleversé l’organisation du monde social, économique, culturel et éducatif. Ainsi, les entreprises, les institutions, les associations ont dû réajuster leurs modalités de fonctionnement, obligeant tous les acteurs, y compris les plus jeunes, à revoir leurs modalités de travail, leur projet d’étude voire de vie. Bien qu’assez ancien (Comtet, 2021), le télétravail (également qualifié de « distanciel ») s’est généralisé, parents et enfants réunis à la maison (le travail et la classe à la maison) dans des conditions hétérogènes, les enseignants devant maintenir l’attention de leurs élèves, les plus jeunes soutenir les plus âgés et les plus faibles, les managers garder l’engagement des salariés voire leur bien-être. Ainsi, la vie sociale s’est réorganisée en intégrant la distanciation physique, en « numérisant » des relations habituellement « en présence » par le biais de procédures, de documents, de ressources parfois produits ou mobilisés dans des temps très courts (Jonchery, Lombardo, 2020). Si les adaptations ont été plus ou moins difficiles à mettre en oeuvre, contraignant les institutions à revoir leur fonctionnement au quotidien, chacun a fait l’effort, bon gré mal gré, de modifier son mode de vie et d’activités de façon conséquente avec une forme de bienveillance et de considération des contraintes de l’Autre (Godé et al., 2020).
Dans ce contexte, les dispositifs et les ressources numériques ont pris une place centrale et la communication interpersonnelle à distance s’est imposée, généralisant la médiation des relations au quotidien et le partage renforcé d’informations numériques, qu’elles soient professionnelles, familiales, culturelles ou éducatives. Pour certaines professions qui se sont trouvées au coeur des évènements (métiers de la santé notamment) sans médiation, la crise a entrainé immédiatement des adaptations dans le rapport au travail (Gillet, 2021). Cette situation exceptionnelle a fait émerger des questions nouvelles et inédites, qui dépassent le contexte de la pandémie pour nous interroger sur l’évolution des modalités de la communication et de l’information dans notre société contemporaine, quels que soient les secteurs d’activité. Elle nous invite à considérer, dans une perspective anthropologique et critique, les écarts entre ce qui est prévisible, par les concepteurs, les producteurs, les managers, ce qui est prévu dans les modèles et l’agencement des dispositifs, ce qui est calculé (Bonnéry, Douat, 2020) et ce qui est réellement vécu par les acteurs, qui font face aux situations avec leurs représentations, leurs imaginaires, leurs émotions et leurs obstacles ordinaires (attentionnels, émotionnels, cognitifs…). Elle interroge notre capacité même à saisir ces écarts, dans un contexte d’accélération de la circulation et d’immédiateté de l’information, les productions scientifiques analysant les évènements ayant elles-mêmes explosé dans l’offre éditoriale.
Ce troisième colloque international Connaissances et Information en Action (CIA) fait suite à deux éditions précédentes, l’une consacrée à la gestion des connaissances, l’autre à la perception du risque numérique. Cette manifestation visera, par des approches croisées en sciences de l’information et de la communication et d’autres disciplines en sciences humaines et sociales, une réflexion sur l’effet de situations exceptionnelles, comme celle (mais pas exclusivement) de la pandémie de Covid-19 qui a pu être qualifiée de situation de crise (au sens de l’étymon grec Krisis1 et du sens contemporain qui en découle), sur les écosystèmes informationnels et les modes de communication quotidiens et ordinaires. Il a également pour objectif d’appréhender la mise à distance et la généralisation des médiatisations comme des révélateurs de perturbations et des transformations fondamentales dans l’ensemble de notre société (Morin, 2020). Il s’agit en effet, notamment, de porter un regard sur le réagencement des dispositifs (au sens de Foucault) et des communications intra et inter-organisations, pour en comprendre les effets à court, moyen et long termes, sur le rapport au savoir, sur les modalités de médiations et sur les individus et leur environnement direct. Ces changements se révèlent-ils être des évolutions structurelles massives ou des évènements éphémères et transitoires ? Les communicants veilleront à interroger et tenter de comprendre en quoi les écarts entre le prévu et le vécu peuvent expliquer les difficultés rencontrées, les leviers, les astuces, les stratégies qui ont été trouvés, dans tout contexte singulier.
Quatre axes de réflexion ont été retenus à l’occasion de cette manifestation scientifique :
Axe 1. Réagencement et réorganisation des temps et des espaces
Le numérique introduit de fait des changements significatifs dans le rapport aux espaces et au temps, entre espace intime et espace public, temps privé et temps social, etc. Les effets d’accélération et d’immédiateté (Virilio, 2010), de désynchronisation (Octobre, 2014) ou au contraire d’hypersynchronisation (dans les pratiques “multitâches” par exemple) attribués au numérique sont souvent considérés dans leur lien avec les réagencements de l’espace et les réattributions spatiales des activités. La connectivité des objets (Marzloff, 2009) et la pervasivité des technologies (Claverie, 2010) ont amplifié ces phénomènes et entraîné des réactions critiques à travers, par exemple, un nouveau regard sur la chronotopie dans la réflexion sur la ville et la valorisation de la durabilité (Mallet, 2013 ; Lehmans, Capelle, 2019).
Axe 2. Emotions et sentiments
En situation de formation à distance, le vécu psychologique peut être particulièrement éprouvant et l’on constate des inquiétudes plus fortes qu’en présence (Dussarps, 2014) : l’organisation au quotidien est plus complexe lorsqu’elle mêle vie privée, professionnelle ou étudiante et implique de facto les personnes avec qui l’on vit (Bayrakdar et Guveli, 2020). De même, le manque de lien social peut être pesant, alors que de nombreuses recherches ont montré qu’il était essentiel (Bernard et al., 2009) et que la médiatisation de la relation rendait celle-ci « moins authentique » (Jacquinot-Delaunay, 2003) confirmant que nous sommes avant tout des êtres sociaux. La motivation des individus, quels que soient leur contexte de travail à distance, leur vécu socio-cognitif et socio-affectif, sont particulièrement importants à questionner également. Ces observations se retrouvent dans de nombreuses situations de télétravail et de télé-études, dans lesquelles l’expérience individuelle fait face à la représentations du monde comme « point d’agression » devant son indisponibilité et cherche des formes de résonance (Rosa, 2020).
Axe 3. Stratégies, tactiques, rationalités de l’acteur
Les mises à distance, choisies ou subies, créent une mise en abîme des pratiques, sensibilités, dispositifs, savoirs et sociabilités (Pascal, 2014). Ces reconfigurations amènent les acteurs à développer de nouvelles stratégies (au sens de de Certeau) afin de retrouver le sens de leurs pratiques, partant du principe que tout individu est capable de résilience. Les situations singulières, analysées de ce point de vue, peuvent permettre de mettre en évidence des nouvelles formes de communication, de sociabilités, de rapports aux autres et au savoir, en compréhension émotionnelle sollicitant rationalité et sensibilité (le « sensible de l’humain », Damasio, 2017, 2019, 2021).
Axe 4. Nouveaux modes de management et de gestion de l’information
Enfin, le réagencement, la réorganisation des dispositifs info-communicationnels s’accompagnent nécessairement de nouveaux modes de management et de gestion de l’information, que ce soit par les contenus ou par les formats info-communicationnels choisis. Cet axe s’intéressera donc à la façon dont le management de l’information peut être modifié, en accordant éventuellement davantage d’autonomie et de responsabilisation dans le travail et sa quotidienneté (Liquète & Maury, 2007).
Ainsi, afin de situer en réflexivité ces multiples perspectives, le colloque CIA 3 envisage toute approche critique afin de percevoir les représentations, les contradictions et les évolutions possibles du prévu au vécu.
Retrouvez la bibliographie complète sur le site de l’événement
1. Krisis, plusieurs sens en grec dont celui de rupture, de choix et de décision et ensuite de phase critique à partir du latin médiéval, le sens contemporain est désormais marqué par la perception d’incertitude.
Modalités de soumission
Critères de sélection des résumés :
L’évaluation des résumés se fondera principalement sur les critères suivants :
- L’importance, l’originalité et la pertinence de la problématique proposée
- Le lien avec l’interdisciplinarité
- La clarté des objectifs de la recherche présentée et de sa méthodologie
- La contribution à l’avancement des connaissances
Le résumé d’intention devra être rédigé en français, en anglais ou en espagnol (avec un maximum 1500 caractères espaces compris).
Consignes d’envoi :
Les propositions devront être envoyées le 15 avril 2022 15 mai 2022 au plus tard via la plateforme : https://cia3.sciencesconf.org/
Les résumés devront être envoyés au format Word, .odt ou pdf, et comprendre obligatoirement les informations suivantes :
- Le titre de la communication (180 caractères maximum)
- Nom(s), prénom(s) et coordonnées complètes (adresse électronique et appartenance académique) du, de la ou des communicant.e.s
- Un résumé de la communication de 1 500 caractères maximum, espaces compris (environ 200 mots)
- 5 mots-clés maximum
- La mention de l’axe privilégié (1 à 4)
- Une bibliographie de 5 références maximum (norme APA)
Les résumés seront soumis à une sélection par le comité scientifique, en triple aveugle.
Responsable du colloque :
- Vincent LIQUETE, professeur en SIC / responsable de la recherche régionale AFLE-4S : vincent.liquete@u-bordeaux.fr
Responsables du comité d’organisation :
- Clément DUSSARPS, MCF en SIC : clement.dussarps@u-bordeaux.fr
- Catherine PASCAL, MCF en SIC : catherine.pascal@u-bordeaux-montaigne.fr
Responsables du comité scientifique :
- Camille CAPELLE, MCF en SIC : camille.capelle@u-bordeaux.fr
- Anne LEHMANS, professeure en SIC : anne.lehmans@u-bordeaux.fr
Date limite d’envoi des propositions : le 15 avril 2022 15 mai 2022 (minuit)
Date d’envoi de réponses : le 1er juin 2022 15 juin 2022
Une sélection de communications fera l’objet d’une publication dans une monographie d’une collection scientifique. Dans cette perspective, les textes envoyés à l’issue du colloque devront respecter les instructions suivantes :
Les communications auront une longueur de 12 à 15 pages (page de titre incluse), en simple Interligne, police Times 12, paginées.
Les titres et les sous-titres doivent utiliser la numérotation décimale (1, 1.1, 1.1.1)
La page de titre comporte les informations suivantes :
- Titre
- Noms des auteurs et affiliations
- Adresse e-mail institutionnelle
- Adresse postale permanente
Un résumé de 400 mots maximum doit être proposé en français et en anglais.
Mots-clés : 3 à 5 mots-clés en français et en anglais
Bibliographie : aux normes internationales APA
Chaque texte sera envoyé en 1ère version, le 15 octobre 2022, au format texte (pas de PDF accepté). La version finale, post colloque, sera fournie le 15 décembre 2022, relue et accompagnée au besoin par le comité scientifique.
Comité scientifique de CIA 3
- Victor AGUILAR MONTELONGO, Université de Durango, Mexique
- Camille ALLOING, UQAM, Québec-Canada
- Jean-Luc BOUILLON, Université de Rennes 2, France
- Camille CAPELLE, Université de Bordeaux, France
- Valérie CARAYOL, Université Bordeaux Montaigne, France
- Stéphane CHAUDIRON, Université de Lille SHS, France
- Aïda CHEBBI, Université de Tunis -ISD, Tunisie
- Simon COLLIN, Université du Québec à Montréal, Canada
- Anne CORDIER, Université de Lorraine, France
- David DOUYÈRE, Université de Tours, France
- Clément DUSSARPS, Université de Bordeaux, France
- Mabrouka EL-HACHANI, Université de Lyon 3, France
- Pierre FASTREZ, Université Catholique de Louvain, Belgique
- Raja FENNICHE DAOUES, Université de Tunis -ISD, Tunisie
- David GALLI, Université d’Avignon, France
- Laurent GALLON, Université de Pau, France
- Cécile GARDIÈS, ENSFEA, Toulouse, France
- Bernard IDELSON, Université la Réunion, France
- Sirkku KOTILAINEN, Université de Tampere, Finlande
- Alain KIYINDOU, Université Bordeaux Montaigne, France
- Anne LEHMANS, Université de Bordeaux, France
- Vincent LIQUÈTE, Université de Bordeaux, France
- Fabrice LIENARD, Université du Havre, France
- Catherine LONEUX, Université de Rennes 2, France
- Luisa MARQUARDT, Université de Rome 3, Italie
- Dominique MAUREL, Université de Montréal, Canada
- Céline PAGANELLI, Université Montpellier 3, France
- Nathalie PINÈDE, Université Bordeaux Montaigne, France
- Franck RENUCCI, Université de Toulon, France
- Soufiane ROUISSI, Université Bordeaux Montaigne, France
- Luc MASSOU, Université de Lorraine, France
- Imad SALEH, Université de Paris 8, France
- Karel SOUMAGNAC, Université de Bordeaux, France
- Angèle STADLER, Université de Lyon 3, France
- Florence THIAULT, Université de Rennes, France
- Lise VERLAET, Université Montpellier 3, France
- Manuel ZACKLAD, CNAM, France
Comité d’organisation de CIA 3
- Camille CAPELLE, Université de Bordeaux, France
- Mohamed COULIBALY, Universités de Bordeaux & Ségou, France & Mali
- Clément DUSSARPS, Université de Bordeaux, France
- Adeline ENTRAYGUES, Université de Bordeaux, France
- Laurent GALLON, Université de Pau, France
- Anne LEHMANS, Université de Bordeaux, France
- Vincent LIQUÈTE, Université de Bordeaux, France
- Valentine MAZURIER, Université de Bordeaux, France
- Catherine PASCAL, Université Bordeaux Montaigne, France
- Julie PASCAU, Université de Bordeaux, France
- Karel SOUMAGNAC, Université de Bordeaux, France
avec la participation de la Nouvelle Région Aquitaine dans le cadre de la recherche financée, AFLE-4S et le soutien de l’INSPE de l’Académie de Bordeaux.
Pour toute information, vous pouvez contacter les organisateurs.