Date/heure
30/05/2022
Catégories
La revue Communication & Organisation lance son appel à articles pour le numéro 63 de la revue, à paraître en juin 2023.
La santé au prisme de la communication organisationnelle : enjeux, tensions et perspectives
Studying Health with Organizational Communication Theories: Challenges, Tensions and Outlooks
Résumé :
L’enjeu de ce numéro est d’effectuer un tour d’horizon des apports récents de la communication organisationnelle dans le secteur de la santé et leurs perspectives d’évolution dans le monde social. Il s’agit ainsi, dans un contexte espéré de post-crise sanitaire et de transformation numérique, de saisir les approches, les méthodologies et les aspects propédeutiques induits par les changements de paradigmes dans le rapport qu’entretiennent les organisations avec la thématique de la santé en étroite interaction avec les domaines du social et de la protection sociale.
Coordination :
- Eloria Vigouroux-Zugasti, Maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Grenoble Alpes, GRESEC – eloria.vigouroux-zugasti@univ-grenoble-alpes.fr
- Christian BOURRET, Professeur des Universités en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Gustave Eiffel, DICEN-IdF – christian.bourret@univ-eiffel.fr
Argumentaire :
La pandémie a mis la question de la santé au cœur de nos sociétés post modernes et des organisations, avec des enjeux essentiels d’information et de communication Les controverses dans la gestion de la crise sanitaire, l’usage massif d’outils collaboratifs pour les professionnels de santé ou encore les attentes liées aux discours organisationnels sur le sujet de la santé, sont autant de problématiques soulevées par la crise, notamment dans un contexte de communication numérique de santé (Cordelier & Galibert, 2021). Qu’il s’agisse du bien-être physique, psychique ou encore social, pour reprendre la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 1946), les organisations ont un rôle déterminant à jouer dans l’approche et la gestion de la santé à grande échelle. Si la pandémie a mis en évidence une crise du système de santé, elle a aussi correspondu à une crise de communication globale au sein des organisations, que ces dernières soient ou non inscrites dans le secteur de la santé.
Les sciences de l’information et de la communication ont investi la question du rapport entretenu entre la santé et les organisations. Au sein même du secteur de la santé, les travaux se sont notamment intéressés à l’évolution des interfaces de santé et des organisations de santé (Bourret, 2010). Ces transformations s’inscrivent notamment dans un contexte d’émergence de nouveaux modèles organisationnels et d’intégration des technologies numériques dans les pratiques professionnelles (Vigouroux-Zugasti & al, 2020), qui viennent renouveler les paradigmes liés à l’exercice de la santé collaborative, du rapport au patient et à la gestion de l’information numérisée.
Ces nouveaux modèles, dans un contexte d’évolution législative pour la modernisation du système de santé, avec une succession de lois et de décrets depuis plus de vingt ans, interrogent la capacité des organisations de santé à s’adapter à des problématiques de santé ancrées, à l’instar de la démocratie sanitaire ou de la télémédecine (Mathieu-Fritz, 2021). Bien qu’ils constituent des enjeux forts et des potentiels d’action marqués, ces dispositifs peinent encore à s’implanter de manière pérenne dans les pratiques professionnelles. Ces changements dans le secteur sanitaire s’accompagnent également d’innovations méthodologiques en sciences de l’information et de la communication, en s’appuyant sur des modèles hybrides et participatifs, avec des patients (Grosjean & al, 2019) ou plus largement avec des praticiens (Morillon, 2021). La communication organisationnelle, sur ce point précis, fait ainsi écho aux paradigmes de l’empowerment. Si elle était jusqu’à présent particulièrement axée sur les patients, elle s’élargit aujourd’hui aux professionnels médicaux et paramédicaux. L’approche de responsabilisation du patient tend, de plus en plus, à se trouver au centre d’une logique d’action associant les approches scientifiques aux pratiques de collaboration avec les professionnels. Cette démarche implique ainsi une réflexion globale sur les discours dans le secteur de la santé (Bonneville, 2010) et sur l’intermédiation dans les organisations d’interface (Bourret, 2016).
La question du rapport entre la santé et les organisations se pose également plus largement, en dehors du secteur de la santé et du système qui lui est propre. La notion d’empowerment, évoquée ci-dessus, a été largement investie par les recherches en communication organisationnelle, en y associant la notion d’imaginaire comme moteur de participation et d’engagement (Bernard, 2014 ; Bernard, 2018 ; Martin-Juchat, 2007, ; etc.). Dans un contexte social mouvementé, notamment sur le sujet du développement durable et de son impact sur la santé des individus, la communication organisationnelle, alliée à la responsabilité sociale des entreprises, représente un terrain d’actualité à approfondir pour en identifier les nouveaux paradigmes et les axes prospectifs, à la fois pour la prise de décision collective et pour la mobilisation individuelle sur le sujet de la santé. Ceci nous amène à évoquer la notion de communauté en communication organisationnelle (D’Almeida & Carayol, 2014), actrice prépondérante pour le bien-être des organisations.
La crise sanitaire a plus que jamais mis en évidence le rôle de la confiance, de l’environnement psycho-social et de l’intelligence émotionnelle en organisation (Parrini-Alemanno, 2016 ; Le Cardinal, 2006 ; Goleman & al, 2014 ; Maurel, 2012) comme ciment de la qualité et de la bonne santé des organisations, d’autant plus dans un contexte de crise (Vigouroux-Zugasti & al, 2020). Cette dimension sensible des organisations semble d’autant plus prépondérante dans le contexte actuel de défiance et de perte de légitimité des organisations politiques, de santé et de Santé publique (Algan-Cahuc, 2007, Saout, 2009). Elles vont de pair avec le contre coup des confinements successifs et de conditions de travail détériorées qu’ils ont imposés aux salariés. L’actualité récente donne également une nouvelle valeur et un nouvel éclairage sur l’alliance avec la confiance, l’improvisation et l’anticipation en organisation (Parrini-Alemanno, 2014 ; Martin-Juchat & Lépine, 2015) comme facteurs déterminants dans la solidité des processus info-communicationnels en organisation, alliée à la créativité managériale pour faire face aux situations épineuses (Andonova, 2021) et aux pratiques de rationalisation info-communicationnelles (Bouillon & Galibert, 2021).
Les dispositifs numériques jouent également un rôle important dans les questionnements de recherche sur la santé en organisation, notamment dans leur capacité à agir sur la bonne santé de l’organisation et sur le bien-être de ses salariés (Carayol & Laborde, 2019). La prise en compte des actants humains et non-humains dans les processus info-communicationnels (Grosjean & Bonneville, 2009) semble indispensable, afin que les technologies numériques participent au renforcement de la qualité et de l’efficience des activités des organisations, tout en garantissant le confort des salariés dans leurs activités quotidiennes et, par conséquent, leur engagement envers l’organisation (Bouillon & al, 2007 ; Morillon & al, 2013 ; Morillon & al, 2018 ; D’Almeida, 2012).
Plusieurs axes peuvent être investis par les auteurs au sein de ce numéro pour traiter du rapport entre la santé et la communication organisationnelle. Le premier s’intéresse aux territoires de santé, en questionnant le rôle de la communication dans les évolutions des organisations du secteur de la santé, afin d’accompagner leur adaptation aux nouveaux paradigmes communicationnels (intégration des nouvelles technologies dans la collaboration en organisation, processus info-communicationnels en mutation, rôle croissant accordé aux patients dans le rapport à la santé, empowerment, crise de la légitimité des institutions de santé, déserts médicaux, etc.).
Un deuxième axe s’intéresse plus largement aux questions de la coopération, de la confiance et de l’engagement en organisation ou, dans un cadre plus problématique, à la défiance, à la rationalisation et aux cloisonnements. Ces questions se posent d’autant plus dans un cadre de résilience, voire de gestion de crise, avec notamment le rôle des plateformes de coopération comme les Plateformes Territoriales d’Appui (PTA) et les Dispositifs d’Appui à la Coopération (DAC), ainsi que la mise en place de nouveaux espaces de coopération comme les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS).
Le troisième axe propose d’aborder la question de la santé au travail à partir du positionnement des organisations (discours managériaux, discours institutionnels, Qualité-Sécurité-Environnement (QSE), etc.), afin d’étudier la prise en compte de la récente médiatisation de « maltraitance » institutionnelle (comme par exemple dans les EHPAD), ou, au contraire, de l’engagement des organisations dans la protection du bien-être (physique, psychique, social, psychosocial, etc.) de leurs salariés et de la qualité des processus info-communicationnels.
Les propositions peuvent également aborder des sujets n’étant pas cités ici mais s’attachant à la santé du point de vue de la communication organisationnelle.
Calendrier :
- Envoi des propositions sous forme de résumés : 30 mai 2022
- Retour aux auteurs de la sélection des propositions : 20 juin 2022
- Remise de l’article intégral : 31 octobre 2022
- Retour aux auteurs de l’évaluation par le comité de lecture : 9 janvier 2023
- Retour des articles définitifs (revus après évaluation) : 1 février 2023
- Publication du numéro : juin 2023
Consignes de rédaction des propositions (résumés) :
- 6000 caractères, espaces compris
- Bibliographie non comptabilisée dans le nombre de caractères
- Sur une page de garde : titre de la proposition, prénom et nom de l’auteur, université, laboratoire, adresse électronique, cinq mots-clés
- Le résumé doit permettre de bien identifier la problématisation, le cadre théorique et conceptuel, la méthode, les analyses et la discussion.
Les propositions seront envoyées aux adresses suivantes :
Consignes de rédaction des articles définitifs :
- 35 000 caractères, espaces compris, bibliographie comprise
- Les normes de mise en page des articles définitifs sont accessibles en ligne sur le site de Communication & organisation.
- La mise en forme finale selon les normes fournies conditionnera l’acceptation définitive de l’article.
- L’évaluation des articles complets sera faite en double aveugle par le comité de lecture de la revue. La liste des membres du comité de lecture est accessible en ligne.