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Olivier de Sagazan, Transfiguration, 50x70, photo

Date/heure
05/10/2022

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Résistance Résilience. Le(s) corps de l'artiste en performance à l'orée du XXIe siècle

Cycle de journées d'étude

Université Bordeaux Montaigne / Laboratoires ARTES et MICA / Galerie 5UN7 / Lycée Montaigne & L'Agence Créative


Le cycle de journées d’étude « Résistance/résilience. Le(s) corps de l'artiste en performance à l'orée du XXIe siècle » s’appuie sur une programmation culturelle alliant performances artistiques, expositions et workshops menés par les artistes invités auprès de nos étudiants et de lycéens de l'agglomération bordelaise. Ces journées visent à apporter à un public, composé tant de spécialistes que d'amateurs, une mise en perspective des pratiques performatives actuelles et un éclairage scientifique sur la question du corps en tant que véhicule de formes de résistance. Ces manifestations s'articulent en plusieurs lieux à Bordeaux : l'Université Bordeaux Montaigne accueillera les performances et les journées d'étude, la galerie 5UN7 les expositions, les lycéens de spécialité arts plastiques et les étudiants de l'Université Bordeaux Montaigne participeront quant à eux aux workshops dans divers sites dédiés. Ces journées revêtent un aspect pédagogique fort grâce à l'implication des lycéens et des étudiants. Au-delà de leur participation aux workshops, ils prendront part aux actions de communication, à l'accueil et l'information du public, à la scénographie, la régie et la médiation des expositions. La première journée du 25 novembre 2022, qui donne lieu à cet appel, sera clôturée par la performance Transfiguration d'Olivier de Sagazan ; il mènera également deux workshops avec les étudiants et les lycéens. L'exposition quant à elle sera consacrée aux sciences occultes, mêlant objets rituels et oeuvres d'art contemporain à la galerie 5UN7 ; elle rassemblera des oeuvres d'artistes locaux et internationaux. Le dernier jour de l'exposition, le 26 novembre, Olivier de Sagazan y proposera la signature de ses ouvrages.

« Résistance/résilience. Le(s) corps de l'artiste en performance à l'orée du XXIe siècle » nov. 2022 – nov. 2023 - …

L'objet d'étude de ce cycle est la performance artistique depuis les années 1990, en ce qu'elle exprime différents types de résistance : résistance du corps physique d'abord, rendue manifeste par des gestes de pression, des contorsions ou autres agressions sensibles, mais également résistance du corps symbolique – moral, social, politique, religieux, … – envers une pression du même ordre, et qui permettrait une forme de résilience. Si selon Marcel Mauss, le corps est « le plus naturel objet technique, et en même temps moyen technique, de l'homme »1, il devient au cours de performances artistiques le moyen gestuel d'une communication sociale outrepassant le langage. Nous interpréterons le corps tant comme forme physique qu'élément symbolique, à la fois support de représentation, réceptacle de perceptions et outil d'action sur le monde2. Notre présupposé, est que l'artiste serait résilient dans la mesure où il expérimente et subjectivise les différents type de pression évoqués précédemment. S'il révèle des forces d'oppression en les expérimentant, il se ferait corps-support. Et dans le prolongement de cette hypothèse, la mise en scène ferait de son corps le véhicule d'une re-signification, d'une re-subjectivation de ce rapport de force. Ce corps-vecteur montrerait alors un possible à portée de peau de transformer les normes, une alternative à « être au monde » selon la formule de Merleau-Ponty. La résistance, en tant que capacité à agir sur l'effet d'une force subie, nous intéressera tant par ses caractéristiques physiques et plastiques à l'endroit des matériaux, le corps étant l'un d'entre eux, que par sa dimension politique et sociale d'opposition à un ordre imposé. Aussi, par l'étude de différentes manifestations de résistance(s), nous tenterons de définir dans quelle mesure les forces d'opposition exercées permettent de surmonter ou d'apprivoiser l'ordre subi. La résistance induit-elle bien, in fine, une forme de résilience ?

Corpus historique :

Les actionnistes viennois Günter Brus, Herman Nitsch et Rudolph Schwartzkogler, Gina Pane, Valie Export, Michel Journiac, l'Internationale Situationniste, Chris Burden, Vito Acconci, Joseph Beuys, Marina Abramovic, Ulay, Ana Mendieta, Paul Mc Carthy, Matthew Barney, ... Et pour les plus récents : Steven Cohen, Olivier de Sagazan, Art Orienté Objet, Pussy Riot, Piotr Pavlenski, Oleg Kulik & Aleksander Brener, Yes Men, Guerilla Girls, ...

Premier volet : « Recouvrement »

Cette première journée d’étude, qui se tiendra le 25 novembre 2022, propose d’explorer comment l'artiste utilise son corps au sein de performances mettant en valeur la plasticité de cet outil singulier, oeuvrant à la fois comme matériau, comme outil et comme support d'expression et de revendication. En fin de journée, à la suite des échanges scientifiques, Olivier de Sagazan réactivera sa performance Transfiguration. Sans pour autant divulgâcher la teneur de cet événement qui viendra clore en beauté cette journée de réflexion – beauté du geste –, nous pouvons néanmoins en donner un rapide éclairage, puisque le thème des communications y est directement lié :

Olivier de Sagazan, Transfiguration, performance

Olivier de Sagazan, au cours de sa performance Transfiguration, opère une sorte de rituel transgressif et purificateur. Alors qu'il apparaît sur scène d'apparence neutre, au cours de la performance il s'enduit d'argile jusqu'à l'étouffement, se sculpte, creuse ses traits et montre un portait sans cesse défiguré puis refiguré. Au cours de ce processus, de multiples transfigurations s'opèrent sous nos yeux ; l'artiste remodèle totalement son apparence humaine grâce à ce matériau souple et malléable qu'est l'argile. Le fait d'ôter la matière met au jour un autre état. Mais cet état est temporaire, recouvert à nouveau, les cycles de métamorphose sont fugaces, chaque état est éphémère. Transfiguration. Ce terme, qui donne son titre à la performance, est d'origine religieuse : au départ il est rattaché au personnage du Christ transfiguré, qui renaît d'entre les morts. Dans son acception plus large, il désigne le passage d'un état à un autre (-trans), d'une apparence à une autre – ce qui figure donne une représentation. Elle peut être spirituelle, corporelle, ou changer la perception du monde et de ses objets.

Journée d'étude

Cette journée sera plus particulièrement dédiée à la notion de recouvrement, dans toute sa polysémie. Le recouvrement peut en effet être le résultat de deux actions : celle de recouvrir – lorsqu'un élément se superpose à un autre pour en dissimuler la surface –, et celle de recouvrer – qui désigne la réappropriation de ce qui était perdu. Le thème du recouvrement aborde un champ de réponses assez large, puisqu'il implique une transformation ou du moins une mutation par le truchement du corps, qui rend manifeste son passage d'un état à un autre. Les matériaux et fluides sont aussi divers que la teneur des performances qu'ils induisent et les corps qui en sont enduits : argile et peinture chez Sagazan, cagoule chez les Pussy Riot, costume de gorille chez les Guerilla girls ou voile chaste pour d'autres, voire même parfois linceul ou coquille, entrailles d'animaux chez les actionnistes viennois, boue ou végétaux sur Ana Mendieta en santeria, vaseline chez Mathew Barney ou encore Ketchup (entre autres) pour McCarthy – la liste est loin d'être exhaustive. La matière accompagne la métamorphose, elle offre une seconde peau. Elle lave aussi bien qu'elle souille, elle purifie le corps en vue d'une renaissance à soi et au monde, elle le souille en réponse à une agression. Aussi, l'action de recouvrir permet-elle parfois de recouvrer, de reprendre ce qui est sien ou ce qui est dû, comme on recouvre une dette, en laissant derrière soi une mue devenue inconfortable.

Pistes d'ouverture en dehors du champ des arts plastiques

  • Charles Perrault, Peau d'âne
  • Le Silence des agneaux, costume de peaux de femmes assemblé par le tueur en série Buffalo Bill (personnage de Jamie Gumb)
  • Les boliw, objets fétiches utilisés au Bénin et au Mali sur lesquels divers éléments sont régulièrement aspergés au cours de rituels

Période

Œuvres choisies entre les années 90 et le XXIe siècle, dont le commentaire analytique pourra profiter de l’éclairage d’œuvres antérieures.

Modalités de contribution

toutes les propositions sont bienvenues (doctorants, jeunes chercheurs ou chercheurs confirmés, spécialistes hors université), en arts plastiques et au-delà (arts du spectacle, littérature, philosophie, ethnologie, ...) Les communications attendues seront de 20 mn. Vos propositions de contribution, constituées d'un titre prévisionnel, d'un résumé d’une quinzaine de lignes et accompagnées d’une bio-bibliographie succincte, sont à envoyer à Alice Cazaux et Aurélie Martinez pour le 5 octobre 2022. alice.cazaux@u-bordeaux-montaigne.fr ; aureliemartinez23@gmail.com Votre participation vous sera confirmée avant le 15 octobre 2022. 1. [Marcel Mauss, Les techniques du corps, 1934.] 2. [Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la Perception, 1945.]