Date/heure
27/04/2016
15 h 30 - 18 h 30
Emplacement
Université Bordeaux Montaigne - salle I101
Catégories
Séminaire de l’axe ADS : figures de l’urbanité (2015-2017)
Anthropotechniques de l’auto-design – Cycle 1 – Séance 5
sous la responsabilité de Bernard Lafargue et Thomas Brunel
Mercredi 27 avril 2016 – 15h30 – 18h30 – Université Bordeaux Montaigne, salle I101, Pessac
ligne B, station de tram « Montaigne-Montesquieu »
Intervenants
Les « Multiversités créatives* » du bio : lorsque design et art reconfigurent l’intime – Enjeux et modalités anthropocentrés
Anne-Cécile Lenoël, Doctorante en design
Les régimes de l’art, inexorablement stimulés par les rebonds technologiques du XXIe siècle, n’ont jamais autant été anthropocentrés. Salvatrices, thérapeutiques, alternatives, ludiques, cosmétiques…les « solutions adaptatives » envisagées par les designers et les plasticiens, replacent l’humain au centre des prérogatives de la conception. Désormais le public dispose d’un catalogue singulier d’objets extensifs sinon parasitaires. La mise en perspective de ces néoartefacts d’un nouveau genre biologique, par une discussion transdisciplinaire, permet d’entrevoir des territoires communs, au cœur desquels art et design, actualisent, in fine, les techniques de l’auto-design.
∗en référence à l’exposition qui s’est tenue au Centre George Pompidou en 2012.
Scénographie de l’espace urbain en carnaval – L’espace urbain comme mise en scène du temps de Pieter Bruegel aux carnavals contemporains
Dominique Pauvert, Docteur en histoire de l’art
Dans son tableau Le combat de Carnaval et Carême, Pieter Bruegel l’Ancien , dont son ami Abraham Ortelius disait qu’il avait peint « beaucoup de choses qu’il est impossible de peindre », cache sous l’apparent réalisme d’une scène de carnaval villageois une représentation du temps.
Ce temps des rituels de Noël à Pâques dans une ville flamande n’est pas celui que nous avons l’habitude, plus ou moins aisément, d’appréhender à mesure surtout que nous le voyons fuir.
Le temps de carnaval n’est pas temporel : il est spatial. De fait, le parcours urbain des cortèges de Carnaval (aussi bien à l’époque de Bruegel qu’aujourd’hui) obéit à des règles bien précises qui sont inhérentes à cette conception du monde. Ces règles se manifestent et se font jour à travers un certain nombre de pratiques corporelles, déplacements dans l’espace, gestes, paroles, etc, qui sont indispensables au rituel, sans que les participants en aient forcément conscience.
Le « vécu mythique » se développe et nous enveloppe à ce moment-là. Fondamentalement, c’est à une réinitialisation du monde qu’un carnaval réussi doit aboutir.
L’exposé reliera, par Bruegel interposé, les cortèges antiques de Dionysos à Athènes, ou d’Ishtar de Babylone à ceux, contemporains, de l’ours d’Arles-sur- Tech, du Poulain de Pézenas, ou du Bufador de Nontron.
Thème 2015-2017 : Anthropotechniques de l’auto-design – Premier cycle
Problématique
Dans notre monde de l’art, qui a succédé à celui de l’idéologie, le souci esthétique de soi est devenu le souci fondamental. Il a pris la forme de « l’auto-design ». Pour le pire comme pour le meilleur.
Le pire lorsque ses artistes-designers phares prennent la place du philosophe-roi de La République et de ses mille épigones pour mettre en œuvre un « design total » habile à drainer le désir de servitude volontaire de « l’homme-pluvier » du Philèbe, comme le craint une lignée de penseurs, de Marx à Stiegler en passant par Loos ou Foster.
Le meilleur comme l’espère une autre lignée, qui va de Nietzsche à Sloterdijk en passant par Michaud, Groys ou Shusterman, lorsqu’ils suscitent en tout un chacun le désir de designer sa propre existence pour ajouter l’exotisme de la petite touche de son auto-design au « design global » de la sculpture sociale du monde de l’art.
Ce n’est que dans cette dernière perspective, sociale, éthique, politique et écosophique, que le fameux vœu de William Morris: « être beau de corps, de cœur et d’esprit en travaillant de conserve avec ses concitoyens dans un bel environnement » pourrait se réaliser.