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Date/heure
01/05/2025

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Savoirs endogènes au prisme des SIC

entre territoires et terroirs

émis par les laboratoires LARSIC, GERiiCO et MICA


A la suite de l’appel à contributions portant sur la thématique « savoirs endogènes en question », publié dans la revue RSSI (revue sénégalaise en Sciences de l’information), le LARSIC (laboratoire de recherche en Sciences de l'information et de la communication) s’associe aux laboratoires GERiiCO, MICA pour l’organisation d’un colloque international intitulé « Savoirs endogènes au prisme des SIC : entre territoires et terroirs ». Ce colloque offrira un espace pour interroger les savoirs endogènes en les situant dans des contextes géographiques et des espaces d'interaction, à travers les notions de « territoires et terroirs ».

Interroger les savoirs endogènes revient d’une part, à les situer comme héritage et pratique culturels d’une société ou de communautés (Dili Palaï, 2019; Seck, 2023). Ces dernières sont souvent reconnues comme unique détenteurs d’un type de savoir (Kane & al, 2023), ce qui fait que les savoirs endogènes s’inscrivent dans un terroir. Les travaux initiés sur le sujet (Hountondji, 1994 ; Rondeau, 2016 ; Ndiaye, 2021), surtout ces deux dernières années mettent l’accent sur la promotion de patrimoines à travers une articulation à « un système éducatif émergent orienté sur les compétences codifiées”» (Akaffou, 2023). Certaines approches (Lambert-Brétière, 2018, Kane; Samba, 2024) sont plutôt axées sur les différents modes de transmission des savoirs où la langue n’est pas seulement un outil de communication, elle est aussi perçue comme un moyen de sacralisation et de désacralisation des pratiques et des rituels (langues fétiches) voire de valorisation des objets muséaux. Ces derniers sont parfois les symboles de pratiques endogènes et n’ont de sens que dans un contexte singulier d'utilisation. Ces considérations peuvent mener à des questionnements : le traitement documentaire qui en est fait par les professionnels de l’information peut-il conduire à percevoir les savoirs endogènes comme de simples objets esthétiques appartenant à une communauté identifiée ?

De plus, ils posent un débat majeur sur les questions liées au droit d’auteur et à la propriété intellectuelle (Seck, 2023) puisqu’ils sont l’expression d’un savoir-faire traditionnel à l’exemple du “Faso Dan Fani” appelé aussi “pagne tissé de la patrie”, aujourd’hui une marque déposée au Burkina - et du “Nguon” (rituels de gouvernance et expressions associées dans la communauté Bamoun) classé patrimoine mondial Unesco.

Ainsi, ce colloque international se propose d’explorer la problématique de la valorisation des savoirs endogènes, souvent marginalisés (Moreira, 2024) au profit des savoirs exogènes dominants, en particulier dans le champ des sciences humaines et sociales. L’objectif principal est de réfléchir sur les leviers qui permettront de redonner voix aux connaissances dites « indigènes » ou « locales », en les intégrant dans le discours scientifique, et plus largement dans le spectre social, afin de mieux comprendre l’histoire et l’avenir des sociétés postcoloniales. Dès lors, en interrogeant la prééminence des représentations occidentales, il sera question d’ouvrir, au sens de (Botoyiyê, 2010), « une dialogique des champs du savoir».

Le concept de « territoire » retenu dans le cadre du colloque dépasse largement la simple délimitation géographique physique ; il englobe une multitude d’interrelations entre l’espace, les cultures et les individus. Dans cette perspective, le territoire peut être appréhendé à travers le prisme du patrimoine, qu’il soit matériel ou immatériel puisqu’ils ancrent les communautés dans leur histoire et leur identité. L’adéquation aux pratiques, aux savoirs, aux langues, aux imaginaires et aux traditions qui façonnent les rapports sociaux et les liens culturels est un aspect important à la compréhension des savoirs endogènes. Pour cause, ces formes de patrimoine (matériel ou immatériel) contribuent à définir un territoire vivant, dans l’action, non seulement par sa matérialité, mais aussi par les mémoires, les récits et les savoirs qui y circulent, en permettant de vivre le passé dans le présent.

Il s’agira à ce titre d’interroger les « Territoires » : pour observer comment la problématique des savoirs endogènes est traitée dans d’autres disciplines (histoire, anthropologie, linguistique, géographie, médecine, sciences de l’information et de la communication (SIC) notamment). Il est question de partir des sciences de l’information et de la communication pour ensuite faire des ouvertures aux autres disciplines, ou d’apprécier les spécificités des apports disciplinaires, notamment sur les questions d’organisation des connaissances, de médiation des savoirs et des usages sociaux, de justice cognitive ou épistémique.

Pour ce qui est du second point fort du colloque Dili Palaï (2019) disait qu’ « aux savoirs endogènes, peut être corrélé le « développement » des connaissances provenant de l’intérieur du terroir, laquelle peut contribuer, ne fût-ce que par une prise de conscience, au décollage social, économique et politique des sociétés, en quête de devenir, voire d’identité » (Dili Palaï, 2019). De ce point de vue, déconstruire le rapport entre le terroir et la production des connaissances, permet de percevoir celui-ci comme un lieu de production matérielle, de réflexion, de mémoires collectives et d'échanges. Les savoirs endogènes, traversés par l’oralité (Botoyiyê, 2010, Moity-Maïzi, 2011), sont souvent construits à travers des croyances et des pratiques permettant la compréhension des dynamiques naturelles, sociales et spirituelles qui régissent une communauté.

Le concept de « Terroir » sera mobilisé pour cartographier les communautés, les zones et les pratiques dans lesquelles ces savoirs sont mobilisés, de même que les codes et les normes de classification qui en découlent. En effet, la cartographie des savoirs endogènes permettrait de mieux cerner les lieux et les pratiques où ces savoirs sont produits, et d'identifier des leviers pour leur préservation et leur diffusion. Cette approche vise également à soutenir le développement durable, en intégrant ces savoirs dans les stratégies de conservation de la biodiversité et la promotion de l’innovation. Par ailleurs, les savoirs endogènes dont il est question ici, ne concernent pas un espace géographique déterminé. Les réflexions peuvent être orientées sur les savoirs de diverses communautés aussi bien en milieu francophone qu’en milieu anglophone ou autre. Le colloque plaide dès lors pour une approche interdisciplinaire, pour mieux comprendre les dynamiques de transmission de ces savoirs au sein des communautés ou espaces géographiques. De la même manière, il ambitionne d’explorer la question de l’intégration des savoirs endogènes dans la recherche universitaire en vue de rééquilibrer le rapport de pouvoir (dominants et dominés) entre savoirs scientifiques et savoirs traditionnels. Cette perspective inclut aussi bien une réflexion sur les méthodes de validation scientifique des savoirs endogènes, leur légitimité et la place des savoirs endogènes dans la construction des connaissances contemporaines, en les valorisant comme des sources complémentaires dans une quête de diversité culturelle et de solutions durables.

Les 6 axes du colloque retenus :

  • Axe 1 : Éthique et savoirs endogènes : épistémologies de la résonance sociale, des affects et de la sensibilité,
  • Axe 2 : Patrimonialisations et savoirs endogènes : mémoire, émotion et construction des identités
  • Axe 3 : Langues et savoirs endogènes : logiques d’usages et réceptions
  • Axe 4 : Droit des communautés en matière de propriété intellectuelle
  • Axe 5 : Communication et savoirs endogènes : médiation, valorisation, usages, archivage, objets muséaux
  • Axe 6 : Transmission et diffusion des savoirs endogènes : dispositifs, processus et didactisation.

Modalités de soumission au comité de sélection

Les propositions de communication doivent être envoyées via la plateforme savoirsendosic@sciencesconf.org

Dates clés

  • 17 février 2025 : lancement de l’appel
  • 1er mai : Date limite de soumission
  • 31 mai : Notification des résultats
  • 30 juin : Réception des versions définitives 3 septembre : Diffusion du programme
  • Décembre : Réception des articles définitifs en français ou en anglais