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You are currently viewing Table ronde : Signes indélébiles

Date/heure
15/03/2018
10 h 00 - 12 h 00

Emplacement
l'Université Bordeaux Montaigne - Amphi 3 Salomon - bât L - salle 104 (1er étage)

Catégories


organisée conjointement par
l’École doctorale et le MICA
Intervenants :
Paolo Fabbri et Patrick Baudry


jeudi 15 mars 2018
10h – 12h
Université Bordeaux Montaigne
Amphi 3 Salomon, bât L, salle 104 (1er étage)
Pessac
ligne B, station de tram « Montaigne-Montesquieu »


Des corps illustrés et historiés

Paolo Fabbri – sémioticien

La peinture/écriture sur/dans la peau a une valeur sémiotique. Les signes tégumentaires – ou dermatoglyphes – sont inscrits sur l’organe de perception le plus étendu du corps. A l’instar d’autres marques somatiques, le tatouage situé entre le signe vestimentaire et la peau nue, manifeste des significations individuelles et collectives culturellement variables (v. Anzieu, Fontanille).

La peinture/écriture sur/dans la peau a une valeur sémiotique. Les signes tégumentaires – ou dermatoglyphes – sont inscrits sur l’organe de perception le plus étendu du corps. A l’instar d’autres marques somatiques, le tatouage situé entre le signe vestimentaire et la peau nue, manifeste des significations individuelles et collectives culturellement variables (v. Anzieu, Fontanille).
Les tatouages des détenus « délinquants» étaient perçus comme des anti-langages, des jargons inscrits dans la langue. Ils prennent leur sens par les conditions d’uniformisation et dépersonnalisation forcée vécues dans toute institution « asilaire » (v. prisons, bateaux, casernes, voire les camps nazi. (Goffman, Foucault).

Dans la forme de vie d’une société « liquide », les tatouages tracent des signes indélébiles, qui marquent des physionomies identitaires – valorisés ou dévalorisés. Des corps illustrés dans leur être et historiés dans leur faire, qui rappellent respectivement les imagines agentes de l’héraldique: le blason et l’Impresa. Simulacres visuels et graphiques (lettering) qui manifestent une mémoire individuelle, parfois partagée ou collective par des micro-rituels de passage, qui tracent à même la peau, une géographie des intensités sensibles. Un farmakon, double face: douleur/ plaisir (aphrodisia/veneria) (Bauman, Le Breton)

L’engouement planétaire pour le tatouage permet de dresser une véritable iconologie (et une iconoclastie) contemporaine, articulée selon des genres propres (old et new style, minimaliste, biomécanique, etc.)
Parmi la liste ouverte des genres, le tribal (maori, japonais par ex.) relève parfois d’une invention originale de la tradition (Lévi-Strauss, Gell, Hobsbawm)
La vogue actuelle, par sa diffusion généralisée, permet de réfléchir à la phénoménologie d’une mode émergente. Une diffusion homologable (par ex. au choix des noms propres!?)

La pratique actuelle des tatouages est prise dans une mouvance générale d’Artification esthétique et économique : artistes-tatoueurs (Wim Delvoye, ecc.) et tatoueurs-artistes (Don E. Hardy, Tin-Tin), expositions, musées, etc.

Marquer la chair

Patrick Baudry – sociologue

La marque sur la peau peut signifier l’intégration (la scarification rituelle) ou le bannissement (le signe infamant du bagnard). Elle relève d’une assignation. Il faut être celui ou celle que le collectif ou le pouvoir ordonne. L’institution intégratrice ou répressive s’impose à la personne.

Le tatouage contemporain semblerait, selon un raisonnement binaire, procéder d’une initiative individuelle et non plus d’une contrainte institutionnelle: il procéderait d’un choix et non plus d’une obligation. Ou encore, l’on pourrait avancer qu’à l’identification imposée, succède la fabrication (ou la quête) identitaire. Ce qu’il faut peut-être surtout interroger, c’est le rapport au corps qui se joue dans une façon de marquer la chair. Et la pratique d’une singularité propre à une culture du look qui n’est plus celle de l’apparence.

Contact

Anne Beyaert-Geslin : anne.geslin-beyaert@u-bordeaux-montaigne.fr