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You are currently viewing Séminaire Axe ADS : Transferts de l’Art et du Design – séance 6
crédit image © https://www.thehpalliance.org/

Date/heure
25/04/2018
14 h 00 - 17 h 00

Catégories


Séminaire
Art, design, scénographie : figures de l’urbanité

Thème 2017-2019: Transferts de l’Art et du Design

Responsable : Nicolas Nercam


Séance 6 : Les transferts de l’activisme Artistique

mercredi 25 avril 2018
14h – 17h
MSHA, salle Jean Borde
Pessac
ligne B, station de tram « Montaigne-Montesquieu »


Problématique

Les productions d’Art et de Design sont les résultantes d’un ensemble de phénomènes d’émission, de réception et de réinterprétation qui contribue à transformer en profondeur la nature de l’œuvre. Les circulations, les échanges et les déplacements (dans l’espace et le temps) des savoirs, des compétences, des techniques, des imaginaires et des pratiques artistiques revêtent, dorénavant, une dimension « planétaire ».

Ces transferts impliquent l’intervention de vecteurs (matériels, humains, informatiques, environnementaux, etc.) et conduisent à considérer les pratiques des Arts et du Design comme en perpétuelle évolution, remettant en cause les constructions monolithiques identitaires, en révélant les imbrications dont ces pratiques résultent.

Prenant le contre-pied d’une circulation mainstream imposée par les logiques idéologiques et économiques de la mondialisation, penseurs, artistes, designers, acteurs sociaux s’investissent dans des transferts « minoritaires », « alternatifs », ou de « résistance » face aux transformations programmées et normalisées.

Observer et analyser la diversité des transferts en œuvre dans l’Art et le Design s’est se livrer à :

  • Une étude (sociologique, anthropologique, historique, psychanalytique) des vecteurs sociaux ou institutionnels qui fixent le cadre de la circulation et du « passage du sens » d’un contexte à un autre.
  • Une étude des croisements entre les diverses pratiques artistiques ainsi qu’entre les champs des sciences humaines, entraînant une refonte épistémologique à l’origine d’une « décolonisation de nos pensées », voire d’un « éclatement disciplinaire ».

Intervenants

Nicolas Nouhaud

Transfert militant : de l’imaginaire à l’activisme. Réappropriation du fantastique et de la pop culture à des fins politiques et sociales.

Rien n’est plus ancré dans la réalité qu’une lutte sociale, un combat politique ou une action humanitaire. Mais que se passe-t-il alors lorsque des activistes décident de transférer l’imaginaire des œuvres de la culture pop dans ces luttes réelles. Quels usages ? Quelle efficacité ? Quelles conséquences ? Quand une fanbase décide de brandir sa culture au nom d’une cause, quelle légitimité a-t-elle ? Si des fans, sincères et puristes, semblent épris de cette pratique, il n’en ont pas pour autant le monopole : ce transfert peut aussi être le fait d’initiatives purement stratégiques ou davantage opportunistes. Quelles différences entre ces deux approches, et pour quelles finalités ? De Harry Potter à Avatar en passant par Star Wars, nombreux sont les cas à étudier. Cette tendance introduit notamment la notion de ludisme au sein d’environnements que l’on aurait pu penser incompatibles avec le jeu ou l’amusement. La démarche peut alors constituer un détournement des objectifs initiaux ou une meilleure efficacité des actions et une amélioration des conditions de travail dans le monde militant. Créatifs, pluriels, ludiques et déterminés, certains fandom opèrent un sérieux transfert vers le politique et la réalité.

Designer Nicolas Nouhaud est chercheur au laboratoire MICA à l’université Bordeaux Montaigne. Ses recherches sont axées sur l’éducation populaire, l’art utilitaire et la domination. Sa thèse porte sur la mystification et ses enjeux sociaux, la force et le potentiel du troll et du canular au sein de luttes sociales.

Nicolas Nercam

Dimension protéiforme de « l’activisme artistique » à l’ère de la globalisation ; quelques cas des transferts entre art et politique dans l’Inde contemporaine

Critiques, esthéticiens, historiens, artistes parlent « d’activisme artistique » comme une veine significative de la production de la scène contemporaine, exprimant la nouvelle « obsession du réel » (J. Rancière, 2005) propre à l’art actuel. Cette appellation, aux contours flous, se propose de renouveler, dans le contexte de la mondialisation économique et culturelle, les relations entre engagement artistique et activisme social et politique, en développant des stratégies « qui repositionnent un des versants de l’art comme un levier de transgression, pour brouiller les cartes et mieux infiltrer les incohérences et les déviances du système » (J. Sans, 2003).

Les projets menés par les divers « activismes artistiques » s’inscrivent résolument dans le domaine de l’interstice qui opère des transferts (formels idéologiques, etc.) entre les arts, le social et politique. Dès la fin des années 1990, au sein des grandes manifestations artistiques qualifiées de « multiculturelles », une frange de la production contemporaine indienne s’inscrit dans la mouvance de « l’activisme ». Les réalisations de Shilpa Gupta, de Tejal Shah, de T. V. Santosh, de Vivan Sundaram, du collectif Raqs Media Collective, ou du collectif Shamat sont souvent classées dans le cadre d’un « activisme artistique indien ».

Retrouve-t-on, dans le sous-continent indien, le même schéma (occidental) d’un art engagé où la métaphore de la « résistance culturelle » supplante celle de « l’avant-garde artistique » ? Le constat que relève le sociologue Daniel Vender Gucht (2014) selon lequel nos sociétés démocratiques exercent une sorte de « dictature soft » sur le registre de la « dictature de la majorité », s’applique-t-il à la société indienne, « la plus grande démocratie du monde » ?

Nicolas Nercam est Maître de conférences dans le département des Arts, UFR Humanités de l’UBM. Il est membre de l’équipe de recherche du MICA, Axe ADS. Ses recherches portent sur les modernités artistiques extra occidentales (en particulier indiennes), les apports des théories postcoloniales dans le discours sur l’art, le phénomène de la mondialisation artistique, les nouveaux rapports entre l’artistique, le politique et le social.