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You are currently viewing Séminaire : Anthropotechniques de l’auto-design – Cycle 1 – Séance 5
crédit : Near Future Algae Symbiosis Suit - Prototype (2010) by Michael Burton & Michiko Nitta, Copyright : Burton Nitta

Date/heure
27/04/2016
15 h 30 - 18 h 30

Emplacement
Université Bordeaux Montaigne - salle I101

Catégories


Séminaire de l’axe ADS : figures de l’urbanité (2015-2017)

Anthropotechniques de l’auto-design – Cycle 1 – Séance 5

sous la responsabilité de Bernard Lafargue et Thomas Brunel

Mercredi 27 avril 2016 – 15h30 – 18h30 – Université Bordeaux Montaigne, salle I101, Pessac
ligne B, station de tram « Montaigne-Montesquieu »


Intervenants

Les « Multiversités créatives* » du bio : lorsque design et art reconfigurent l’intime – Enjeux et modalités anthropocentrés

Anne-Cécile Lenoël, Doctorante en design

Les régimes de l’art, inexorablement stimulés par les rebonds technologiques du XXIe siècle, n’ont jamais autant été anthropocentrés. Salvatrices, thérapeutiques, alternatives, ludiques, cosmétiques…les « solutions adaptatives » envisagées par les designers et les plasticiens, replacent l’humain au centre des prérogatives de la conception. Désormais le public dispose d’un catalogue singulier d’objets extensifs sinon parasitaires. La mise en perspective de ces néoartefacts d’un nouveau genre biologique, par une discussion transdisciplinaire, permet d’entrevoir des territoires communs, au cœur desquels art et design, actualisent, in fine, les techniques de l’auto-design.

∗en référence à l’exposition qui s’est tenue au Centre George Pompidou en 2012.

Diplômée d’un double cursus en arts appliqués, DSAA ENSAA Duperré et arts plastiques M2 Bordeaux Montaigne, Anne-Cécile Lenoël a d’abord suivi un parcours de designer indépendante, spécialisée dans la mode et les luminaires. Puis elle a orienté sa pratique vers des résolutions sociales et environnementales recentrées sur l’humain, et co-fonde l’association ‘’re-création design’’ dans les années 2000. Doctorante en design (MICA) depuis novembre 2012, sous la direction de Cécile Croce, et chargée de cours, elle étudie les perspectives de l’engagement social du design contemporain, à partir d’un corpus de projets collaboratifs engagés dans le soutien de l’innovation ascendante.

 

Scénographie de l’espace urbain en carnaval – L’espace urbain comme mise en scène du temps de Pieter Bruegel aux carnavals contemporains

Dominique Pauvert, Docteur en histoire de l’art
Dans son tableau Le combat de Carnaval et Carême, Pieter Bruegel l’Ancien , dont son ami Abraham Ortelius disait qu’il avait peint « beaucoup de choses qu’il est impossible de peindre », cache sous l’apparent réalisme d’une scène de carnaval villageois une représentation du temps.
Ce temps des rituels de Noël à Pâques dans une ville flamande n’est pas celui que nous avons l’habitude, plus ou moins aisément, d’appréhender à mesure surtout que nous le voyons fuir.
Le temps de carnaval n’est pas temporel : il est spatial. De fait, le parcours urbain des cortèges de Carnaval (aussi bien à l’époque de Bruegel qu’aujourd’hui) obéit à des règles bien précises qui sont inhérentes à cette conception du monde. Ces règles se manifestent et se font jour à travers un certain nombre de pratiques corporelles, déplacements dans l’espace, gestes, paroles, etc, qui sont indispensables au rituel, sans que les participants en aient forcément conscience.
Le « vécu mythique » se développe et nous enveloppe à ce moment-là. Fondamentalement, c’est à une réinitialisation du monde qu’un carnaval réussi doit aboutir.

L’exposé reliera, par Bruegel interposé, les cortèges antiques de Dionysos à Athènes, ou d’Ishtar de Babylone à ceux, contemporains, de l’ours d’Arles-sur- Tech, du Poulain de Pézenas, ou du Bufador de Nontron.

Dominique Pauvert est né à Bergerac en 1965. Certifié et Agrégé d’histoire, docteur en Histoire de l’Art, il enseigne l’histoire et l’occitan. Il se définit comme ethno-mythologue. Il enquête depuis une trentaine d’années sur les mythologies et les croyances populaires et se consacre à l’étude des carnavals européens, depuis plus de vingt ans, à la fois en tant qu’observateur, analyste, comparatiste et en tant qu’acteur. Il a mis en évidence un véritable système mythico-rituel complet qu’il intitule « la religion carnavalesque » (titre de son ouvrage). Il analyse les évolutions contemporaines des carnavals dits « traditionnels », repère les continuités et les changements des rituels de ce type, où se manifeste ce qu’il appelle le « vécu mythique », et, parallèlement, il identifie et interprète cette culture dans l’histoire de l’art (thèse de doctorat « Jérôme Bosch et Pieter Bruegel l’Ancien, peintres de la religion carnavalesque », Bordeaux III , 2008, sous la direction de Bernard Lafargue).

Thème 2015-2017 : Anthropotechniques de l’auto-design – Premier cycle

Problématique

Dans notre monde de l’art, qui a succédé à celui de l’idéologie, le souci esthétique de soi est devenu le souci fondamental. Il a pris la forme de « l’auto-design ». Pour le pire comme pour le meilleur.
Le pire lorsque ses artistes-designers phares prennent la place du philosophe-roi de La République et de ses mille épigones pour mettre en œuvre un « design total » habile à drainer le désir de servitude volontaire de « l’homme-pluvier » du Philèbe, comme le craint une lignée de penseurs, de Marx à Stiegler en passant par Loos ou Foster.
Le meilleur comme l’espère une autre lignée, qui va de Nietzsche à Sloterdijk en passant par Michaud, Groys ou Shusterman, lorsqu’ils suscitent en tout un chacun le désir de designer sa propre existence pour ajouter l’exotisme de la petite touche de son auto-design au « design global » de la sculpture sociale du monde de l’art.
Ce n’est que dans cette dernière perspective, sociale, éthique, politique et écosophique, que le fameux vœu de William Morris: « être beau de corps, de cœur et d’esprit en travaillant de conserve avec ses concitoyens dans un bel environnement » pourrait se réaliser.