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Date/heure
07/06/2013
9 h 30 - 17 h 00

Catégories


Enjeux méthodologiques de l’analyse des séries télévisées

Journée d’études

Vendredi 7 juin – 9h30 – 17h – MSHA – salle Jean Borde, Pessac


organisée par Mélanie Bourdaa et Génaëlle Le Gras

Programme

9h30-10h : Accueil et présentation générale
10h-10h45 :

Approches narratologiques : quels enjeux méthodologiques ?

Florent Favard (doctorant, cinéma et audiovisuel).

Analyse du récit global proposé par les séries télévisées contemporaines
Cette communication vise à s’interroger sur les outils méthodologiques à disposition, dans le cadre d’une analyse narratologique des séries télévisées. Prenant le contrepied d’une vision des séries comme éternelle répétition d’un même schéma narratif, elle cherche à mettre en lumière les propositions de nombreux chercheurs anglo-saxons, qui voient la série télévisée comme capable de proposer un récit global, sur le long-terme, du premier au dernier épisode de la série. Les contributions de David Lavery et Michael Z. Newman seront notamment mises en avant. Ces outils s’avèrent déterminants depuis que les fictions télévisuelles sont devenues plus feuilletonnantes, proposant des arcs narratifs qui dépassent le cadre d’un unique épisode ; elles permettent aussi d’appréhender le récit à l’échelle du transmedia storytelling (Jenkins).
Mais au-delà des caractéristiques intrinsèques de la série, doit aussi être posée la question de la perception du spectateur. Sur la base d’un sondage effectué à cette occasion, nous nous interrogerons sur les conditions nécessaires à l’émergence d’une cohérence narrative globale, qu’elle soit inscrite dans la série ou bien projetée a posteriori par le spectateur, et nous concentrerons sur l’importance de l’épisode final d’une série télévisée.

10h45-11h30 :

Analyse de fictions télévisées françaises : la contextualisation d’un sujet.

Camille Dupuy (doctorant, cinéma et audiovisuel)

Étant dans ma première année de thèse, je m’attèle actuellement à explorer mon champ d’étude. Mon corpus est constitué de 6 séries télévisées feuilletonnantes françaises, ayant pour points communs d’être de genre policier, et de présenter des formes de casting chorales (composés de héros multiples, des séries de commissariat en somme, en oppositions aux séries de commissaires à héros unique). Le corpus est donc formé de PJ (France 2, 1997-2008), La Crim’ (France 2, 1999-2006), Police District (M6, 2000-2003), Central nuit (France 2, 2001-2009), Groupe Flag (France 2, 2002-2008) et Les Bleus (M6, 2006-2010). Ma méthodologie de travail est actuellement divisée en trois pôles distincts. D’une part, un recensement de données sur les fictions policières de toutes nationalités diffusées à la télévision française entre 1950 et 2010 (tableau qui compte plus de 600 entrées et qui se veut exhaustif). D’autre part, la lecture d’ouvrages et d’articles sur la télévision (histoire, forme), sur la fiction audiovisuelle, ainsi que sur la police et le genre policier dans la fiction. Enfin, le visionnage des épisodes des 6 séries du corpus (un total de 300 épisodes). Une fois ce travail effectué, je rédigerai des hypothèses, je problématiserai mon sujet un peu plus concrètement et enfin je construirai un plan, afin de préparer l’analyse de mon corpus.

11h30-12h15 :

Hatufim/Homeland : intertextualité sérielle et transfert culture.

Pierre Beylot (PR, cinéma et audiovisuel)

12h15-14h15 : Pause déjeuner

14h15-15h :

Approches gender : quels enjeux méthodologiques ?
Les enjeux des guest stars : entre économie narrative, stratégie marketing et renouvellements spécifiques aux séries.

Gwénaëlle Le Gras (MCF, cinéma et audiovisuel)

Mon intervention propose de cerner les enjeux spécifiques et méthodologiques de l’analyse des guest stars de cinéma dans les séries télévisées. En effet, l’incursion d’une star dans une série constitue une économie narrative particulière due à la persona de la star qui prédéfinit le personnage, mais, à la différence du cinéma, sur une temporalité courte insérée dans une temporalité plus longue propre à la série. Elle peut de ce fait jouer sur les attentes des spectateurs en utilisant l’image habituelle de la star tout en usant éventuellement du contre-emploi, l’important étant de jouer sur le plaisir de reconnaissance associé à un degré de variation plus ou moins important. La guest star permet aussi de rendre crédible efficacement l’univers d’un épisode grâce à la porosité entre le monde de la fiction et le rayonnement de sa persona dans l’imaginaire collectif, telles Janet Leigh ou Anne Baxter dans Colombo, dans le rôle de stars vieillissantes en manque de célébrité, ou Isabelle Huppert en Française bobo hystérique dans New York unité spéciale. L’insertion des guest stars est donc fluide dans la narration et permet de renouveler la série par l’incursion rapide d’un personnage ponctuel apportant du sang neuf au sein des personnages récurrents, sans toucher aux arcs narratifs. La nature transitoire de la guest star permet aussi des opérations marketing pour « booster » l’audimat au moment des sweeps de novembre, février et mai, cette période de course à l’audience pendant laquelle sont fixés les barèmes publicitaires. Enfin, l’emploi de guest star, de plus en plus dévolu aux stars de cinéma vieillissantes – sans forcément les rendre has been puisque certaines deviennent des héroïnes centrales de séries suite au succès d’un rôle de guest star (Jeremy Irons, Glenn Close) –, leur permet d’agir en « reaction-shots » à leur image publique (Catherine Deneuve dans Nip Tuck) ou cinématographique (Julia Roberts dans New York District ou Robin Williams dans New York unité spéciale), qui leur offre souvent moins de visibilité et moins de liberté pour renouveler leur carrière. Cependant, si le bénéfice est évident dans certains cas tant pour les séries que pour les stars, on pourra s’interroger sur les limites de ce phénomène qui s’étend à tout type de célébrité au point d’être un marronnier à la télévision, reposant souvent sur du name dropping masquant les faiblesses scénaristiques d’une série, devenue vehicule marketing pour star en manque d’audience.

15h-15h45 :

Qu’est-ce qu’une série gender friendly ?

Geneviève Sellier (PR, cinéma et audiovisuel)

Je propose d’appliquer à quelques séries française récentes le Bechler Test et quelques autres critères qui permettent d’affiner l’analyse des modes de représentation genrées propres aux séries, en particulier celles qui mettent en jeu un mode narratif à deux vitesses : sériel et feuilletonnesque.
Je m’appuierai sur deux études de cas : la série historico-policière Nicolas Le Floch, qui a bénéficié d’un accueil critique plutôt favorable, et la dernière série policière française en date avec un personnage féminin récurrent : Candide Renoir.
NB. en 1985, dans l’épisode « The Rule » de la BD Dykes to Watch Out for (Lesbiennes à suivre), Alison Bechdel crée ce qu’on appellera ensuite le « test de Bechdel », qui permet l’évaluation du sexisme dans un film grâce à trois questions simples :
1. Y a-t-il au moins deux personnages féminins portant des noms ?
2. Ces deux femmes se parlent-elles ?
3. Leur conversation porte-t-elle sur un sujet autre qu’un personnage masculin ?

15h45-17h :

L’expérience de réception télévisuelle au prisme du genre : réflexions méthodologiques

Mélanie Bourdaa (MCF, infocom) et Laetitia Biscarrat (docteure, infocom)

La contribution propose une réflexion méthodologique sur l’étude de réception des assignations de genre contenues dans la fiction télévisuelle française Pigalle la nuit. L’objectif est de saisir l’expérience spectatorielle genrée des audiences. Deux questions sont posées : quelle perception les enquêtés ont-ils des assignations de genre présentes dans la série ? Comment s’articulent l’expérience spectatorielle et la subjectivation genrée ? En amont, deux postulats façonnent cette recherche : 1/ L’analyse des représentations a révélé la présence d’assignations de genre complexes dans la série. 2/ Toute réception est une co-construction du message médiatique. La communication présente les résultats de la phase exploratoire de recherche. Des entretiens semi-directifs sont réalisés auprès de publics jeunes. Le guide d’entretien est organisé en trois axes portant successivement sur les pratiques de visionnage, la dimension affective et le récit (intrigue/personnages). Plusieurs difficultés méthodologiques sont envisagées. Le « privilège de l’ignorance » (Sedgwick) pose notamment la question de la mise en discours d’un phénomène ignoré. Comment approcher la subjectivation genrée du spectateur dans une situation marquée par des rapports de pouvoir (enseignant/apprenant) ? Faut-il rendre saillant l’opérateur interprétatif « genre » pendant l’entretien, comprise comme situation de coproduction énonciative ?